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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2021-06-13T09:42:26'
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title: CHANGE_ME 750
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"Voir la terre de l'espace (...) change votre rapport à l'humanité" : telle est la citation de Jeff Bezos rapportée par franceinfo dans ce reportage qui s'enthousiasme pour les vols "touristiques" dans l'espace, et présente implicitement les milliardaires qui dépensent beaucoup d'argent dans la construction de leurs fusées comme des nouveaux héros des temps modernes.
Le budget de Blue Origin pour développer ce vaisseau spatial est de 200 millions de dollars (empreinte carbone du développement ≈ 65000 tonnes de CO2), et un tir utilise 50 tonnes de carburant et comburant, soit quelques centaines de tonnes de CO2 pour sa production et son utilisation.
Avec quelques centaines de "touristes spatiaux" sur la durée du programme, cela met ce Disneyland de l'espace à 500 à 1000 tonnes de CO2 par voyage (soit 50 à 100 fois l'empreinte carbone annuelle d'un français, ou encore au moins 5 fois le budget carbone "2°C" d'un être humain qui nait aujourd'hui pour la totalité de sa vie).
Et les utilisateurs de ces gadgets, qui ne revendiquent même pas d'utilité sociale (juste du tourisme), sont par ailleurs parfois présentés comme des "héros de l'environnement" : Amazon sera neutre en carbone et 100% ENR, Branson a financé des prix pour "sauver l'humanité du CO2", sans parler de Musk qui va électrifier toutes les voitures et nous débarrasser du vilain pétrole.
Mais si, pour "changer son rapport à l'humanité" (ou accomplir un rêve d'enfant, autre citation du même milliardaire dans ce petit clip) il faut 500 tonnes de CO2 par personne, ca pose un petit problème d'ordre de grandeur, non, messieurs-dames de la rédaction de France Info ?
Bezos restera Bezos. L'argent laisse rarement ceux qui en ont beaucoup totalement indifférents, surtout dans le contexte américain où la réussite financière est considérée comme l'accomplissement personnel ultime. Qu'il soit un peu mégalo est donc dans l'ordre normal des choses.
Ce qui m'étonne le plus, dans cette affaire, c'est l'absence totale de recul d'une radio financée avec l'argent des impôts de personnes qui, pour l'essentiel, gagnent en un mois ce que Bezos gagne en une seconde. Ce n'est pas vraiment la peine que la même radio s'émeuve ensuite de l'absence de mesures pertinentes en ce qui concerne le climat.