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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2021-07-05T13:59:28'
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li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_the-key-to-facing-the-energy-transition-is-activity-6817814175352397824-wQpI
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Dans le jargon des comptables du carbone, le "scope 3" désigne les émissions qui permettent à une entreprise de fonctionner mais qui ne concernent pas l'usage direct de l'énergie par l'entreprise en question.
Ce sont par exemple les émissions permettant aux composants et services d'être fabriqués par les fournisseurs (et les fournisseurs des fournisseurs), et aux clients d'utiliser (ou de faire traiter en fin de vie) les produits vendus. Ce sont encore les émissions venant en contrepartie des déplacements des salariés ou des clients. Une contrainte sur ces émissions "gênera", un peu ou mortellement, l'entreprise qui en dépend, même si ce ne sont pas "ses" émissions.
Lorsque le monde financier évalue les "risques de transition" d'une entreprise, trop souvent encore il ne regarde pas le scope 3. Cela revient à comparer 2 constructeurs automobiles sur la seule base des consommations d'énergie dans leurs usines, mais sans prendre en compte le fait que l'un fabrique des voitures électriques pendant que l'autre fait des voitures à essence. Cela revient à comparer 2 magasins sans se préoccuper de la distance moyenne parcourue en voiture par leurs clients, ou le contenu carbone des produits qu'ils vendent.
Cette approche ne permet donc pas de "voir venir" la perte de valeur d'une entreprise en cas de contrainte sur les émissions qui s'appliquerait à ses clients ou à ses fournisseurs. Nous considérons donc, à Carbon4 Finance , que cette manière de faire met... le gestionnaire d'actifs à risque. Celui de ne pas avoir respecté son devoir fiduciaire, qui consiste, dans le monde financier, à tout faire pour préserver la valeur de l'épargne qui lui a été confiée.
En temps ordinaire, comme l'expliquent les auteurs de l'Illusion de la Finance Verte (https://lnkd.in/dRS9vNZ ) ce devoir fiduciaire est plutôt de nature à empêcher les investisseurs de "faire le bien" en privilégiant des activités rentables mais mauvaises pour le climat.
Mais, en ce qui concerne le scope 3, on peut imaginer l'exact inverse : peut-être qu'un jour, des épargnants se retournent contre les gestionnaires de leur épargne pour avoir délibérément limité leur analyse à une partie du risque. Ce même devoir fiduciaire forcera alors les acteurs du monde financier à "faire le bien", c'est à dire évaluer les risques climat sur l'ensemble de la chaine de valeur.