jancovici-updates/true_content/posts/2021/10/change-me-551.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2021-10-13T10:24:07'
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L'Elysée précise aujourd'hui sur son site les 10 objectifs de France Relance. Brève mise en perspective, qui sera faite en plusieurs posts.
L'objectif 1 est un soutien aux réacteurs nucléaires de petite taille, innovants et avec une meilleure gestion des déchets : 1 Md € sur 9 ans, soit 110 m€/an.
La filière nucléaire, en France, c'est environ 50 Mds € de CA par an. A 5% (ordre de grandeur) de R&D ca fait 2,5 Mds € de R&D par an (toutes entreprises confondues). 110 millions, c'est 4% de cette somme. En fait, ce dont la filière a avant tout besoin pour "accélérer", c'est d'un cadre politique - français et européen - qui ne soit pas du stop and go, et qui a couté beaucoup plus cher que le milliard promis.
L'arrêt, pour des raisons électorales et non de politique industrielle avisée, de Superphénix, d'Astrid et de Fessenheim, représente plus de 10 Mds €. L'AREHN, qui est un transfert de rente d'EDF vers des "concurrents" qui sont juste des entités commerciales et financières, a aussi "consommé" des milliards sans valeur ajoutée. Le soutien aux ENR électrogènes intermittentes a déjà couté des dizaines de Mds € sans améliorer quoi que ce soit.
La vraie novation de cette annonce n'est donc pas financière, mais politique. Elle marque le volte face de Macron - et dans la foulée de Pompili - sur le sujet, après Fessenheim et "l'endossement" des 50% de nucléaire issus de Hollande.
Mais le défi reste de fournir un cadre clair et crédible à long terme. Ce cadre ferait par exemple baisser le cout de l'argent dont elle a besoin, et l'impact est un ordre de grandeur au-dessus. Une baisse de 10% à 2% du cout du capital sur le nouveau nucléaire, c'est une économie de 80 milliards d'euros par EPR (sur 60 ans), s'il est construit pour 10 milliards pièce.
On attend donc la publication d'un cadre stabilisé qui nous emmène jusqu'à la fin du siècle. C'est cela qui dégagera l'horizon pour cette filière.
L'objectif 2 consiste à avoir au moins deux gigafactories délectrolyseurs pour avoir de lhydrogène "vert" (en fait décarboné).
Produire de l'hydrogène renvoie au problème précédent. Il faut 50 TWh (milliards de kWh) - soit 5 gros réacteurs nucléaires actuels - pour faire le million de tonnes d'H2 que nous produisons déjà en France par reformage du méthane. Il faut un réacteur nucléaire par haut fourneau que l'on voudrait remplacer par une réduction du minerai de fer à l'hydrogène. Il faut une heure de réacteur nucléaire pour faire voler un avion qui part de Roissy (et il en part 400 à 500 par jour ; il faudrait donc 15 réacteurs rien que pour "décarboner" le trafic aérien au départ de cet aéroport).
Produire beaucoup de courant décarboné sera plus limitant que savoir faire l'électrolyseur en bout de chaine. Cela renvoie à une planification crédible de la production électrique décarbonée envisageable. Dans un monde qui doit devenir plus électrique, il n'est pas étonnant que ce soit le début de tout.