jancovici-updates/true_content/posts/2021/11/change-me-499.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2021-11-14T17:22:51'
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title: CHANGE_ME 499
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Mark Carney (ancien gouverneur de la banque centrale de Grande Bretagne) a initié en avril dernier la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ), pour "financer la transition".
Cette "alliance" a publié le 3 novembre dernier un communiqué de presse affirmant que "le montant du financement engagé pour atteindre 1,5°C est maintenant à l'échelle nécessaire pour assurer la transition" (https://lnkd.in/dCVRCCxf ), avec 130.000 milliards d'actifs gérés par les entités (investisseurs, gestionnaires d'actifs, etc) qui participent à l'Alliance.
Super ! Le monde financier va donc s'organiser pour ne financer que les projets compatibles avec une trajectoire 1,5°C et pas les autres ?
En fait c'est un peu plus compliqué que cela : le monde financier déclare qu'il veut bien financer... l'action des gouvernements ! En effet, dans un "appel aux gouvernements du G20 pour passer à l'action" publié il y a peu (https://lnkd.in/d9-ngaux ), la GFANZ donne sa liste de courses en matière de cadre à mettre en place pour que la finance joue son rôle.
Il y en a pour tout le monde : les entreprises doivent publier des indicateurs, les gouvernements arrêter tel type de subventions, les banques centrales et régulateurs mettre un cadre clair, etc. Donc un premier codicille est que la finance veut bien financer... une action qui n'est pas décidée par elle.
Ensuite, explique (assez bien) cet article des Echos, les 130 trillions correspondent à des investissements dans l'économie actuelle, et non alignés avec 1,5°C. Rien ne dit que les membres de l'alliance pourront trouver de quoi les (dé)placer dans des projets compatibles 1,5 °C.
En fait c'est même l'inverse qui est certain : tant que l'économie mondiale est à 3°C, les actifs de cette économie sont en moyenne à la même température ! Et 130.000 milliards c'est beaucoup trop, comparé à la taille de l'économie, pour pouvoir trouver de quoi tout mettre sur du 1,5 °C. Et c'est bien parce que les investisseurs ne sont pas à même de changer la donne tous seuls que la GFANZ a commencé par demander un gros coup de main aux Etats...
"Les gestionnaires d'actifs rejoignent très vite ces alliances mais il n'est pas certain qu'ils comprennent ce que cela implique" fait remarquer une personne interviewée dans l'article. Cette phrase rejoint une tribune écrite il y a désormais quasiment 2 ans sur la validité des déclarations des acteurs du secteur financier : https://lnkd.in/gdEjKji
J'y plaidais pour que ces coalitions (à l'époque les Principles for Responsible Investing des Nations Unies) refusent tout signataire qui n'aurait pas pris pour lui-même un engagement vérifié de formation massive et de comptabilité carbone "au quotidien" déployée à large échelle. Cette demande est toujours d'actualité.