jancovici-updates/true_content/posts/2022/01/change-me-420.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-01-14T08:56:27'
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title: CHANGE_ME 420
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La finance "verte" est censée fournir des moyens à des projets qui améliorent l'état de la planète. Mais il n'est pas rare qu'un projet soit qualifié de "vert" simplement s'il est "pas vert mais mieux que si c'était pire".
C'est ainsi que vient d'être qualifiée "d'obligation verte" une obligation servant à financer une nouvelle piste à l'aéroport de Hong-Kong, au motif, selon Les Echos, que l'aéroport va "faire la promotion des transports bas carbone". Parce qu'ils encourageront les passagers à marcher plutôt que d'utiliser des taxis une fois dans Hong Kong :) ?
L'article souligne le "point dur" dans cette histoire : l'absence de norme pertinente, ce qui conduit chaque émetteur à utiliser son propre cadre pour définir le "vert", avec à l'évidence le risque que de temps en temps on aboutisse à des absurdités, comme avec cet aéroport.
Il n'y a qu'à faire une norme diront certain(e)s. Certes, mais deux écueils (au moins !) se présentent alors :
- le premier est que la norme soit faite par ceux qui y seront soumis. La tentation sera alors très forte de la définir de façon suffisamment faible pour que l'essentiel des opérations habituelles "passe la rampe" : il est rare que des acteurs bénéficiant d'une rente construisent une norme qui les empêche de continuer à le faire.
- le second est que cette norme soit faite par le régulateur (qui lui n'est pas censé être "capturé" par les régulés, encore que cela soit souvent le cas malheureusement) sans un recul, une expérience et une formation suffisants. A ce moment la norme "tape à côté" et demande de respecter des critères qui ne correspondent pas, en pratique, au problème physique à résoudre (par exemple une norme qui ne porte pas sur un périmètre suffisant des impacts pris en compte).
Quand nous sommes dans une course contre la montre, la moins mauvaise manière d'éviter ces deux écueils est que le régulateur investisse massivement et rapidement dans la formation de ses propres effectifs, pour comprendre le problème à traiter, passer beaucoup de temps à soupeser les différentes approches qui existent pour y répondre, et édicte ensuite une norme qui corresponde bien à la question, avec pour conséquence évidente qu'une large partie de ce qui est fait "habituellement" ne passera plus la rampe (c'est normal : on ne peut pas "changer le monde" en conservant les mêmes référentiels !).
Hélas, ce n'est que très rarement le cas.