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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-01-03T11:37:19'
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title: CHANGE_ME 434
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Une étude du ministère de la transition écologique conclut qu'il y aurait dans notre pays 4 millions d'emplois verts et verdissants. Un emploi vert y est défini comme un emploi "directement au service de l'environnement". Les salariés concernés (140.000, soit 0,6% de l'emploi total) sont dans la distribution d'eau ou son épuration, le traitement des déchets, et quelques spécialités dans le domaine de l'énergie.
Paradoxe : ces emplois "directement au service de l'environnement" ne sont pas nécessairement appelés à croître dans un monde plus "vertueux". Par exemple, si nous jetons moins d'emballages, les personnes qui s'occupent du traitement des déchets sont moins nombreuses !
Par ailleurs, ce n'est pas parce qu'ils "servent l'environnement" qu'ils échappent à toute logique économique.
Pourquoi tous les autres métiers ne pourraient-ils pas conjuguer "au service de l'environnement" et logique économique ? Si nous voulons respecter les limites planétaires, il faudra bien que tout emploi se mette lui aussi "au service de l'environnement" d'une certaine manière ?
Pour essayer d'aller un cran plus loin, le ministère a créé les métiers "verdissants", cest-à-dire "dont les compétences évoluent pour intégrer les enjeux environnementaux". On y trouve 200.000 personnes du contrôle qualité dans l'industrie, 400.000 personnes travaillant dans le gros oeuvre du bâtiment, ou encore 500.000 conducteurs d'un engin de transport, au sein d'un ensemble (voir graphique en commentaire) dont les contours restent discutables.
En effet, pourquoi un chauffeur routier serait-il plus "verdissant" qu'un enseignant (qui devra transmettre des connaissances et compétences essentielles pour changer l'économie), un restaurateur (qui peut proposer des menus avec moins de viande et plus de productions label avec le bon cahier des charges), ou un artiste (qui peut proposer des créations invitant à respecter l'environnement) ? Mystère...
En fait la bonne question est probablement à se poser dans l'autre sens : si nous voulons mettre l'économie française en cohérence avec une baisse de 5% des émissions par an (dans le monde), qui doit faire quoi et de quelles compétences avons nous besoin ? Cela fera la part des choses entre les effectifs qui doivent augmenter tout en exerçant différemment (par exemple les agriculteurs), ceux qui doivent exercer différemment mais n'ont pas nécessairement besoin d'être plus nombreux (par exemple les enseignants), et enfin ceux qui doivent diminuer parce que la reconversion intrasectorielle semble difficile (par exemple le transport aérien ou la construction auto).
C'est exactement l'angle qui a été retenu pour le chantier "emploi" du plan de transformation de l'économie française du Shift Project : https://lnkd.in/e54-j6X3 Pour ce sujet essentiel qu'est l'emploi, il faut, comme ailleurs, bien définir ce que l'on compte et pourquoi pour ne pas se rater.