jancovici-updates/true_content/posts/2022/02/change-me-370.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-02-24T11:23:45'
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title: CHANGE_ME 370
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Les plus gros producteurs de shale oil aux USA ont annoncé à la presse que même à 200 dollars le baril ils ne décideront pas de produire beaucoup plus qu'aujourd'hui.
Lors de la montée en puissance de ce type de pétrole, un fait avait marqué les observateurs : le secteur perdait continument du cash (fourni par des augmentation de capital et de la dette). A l'origine il y a un fait physique : un nouveau puits de shale oil voit sa production diminuer des 4/5è au bout d'un an, parce qu'une roche mère fracturée ne contient pas le même volume extractible qu'un gisement "conventionnel" une fois le puits de production en place.
En phase de croissance de la production, il faut donc forer massivement : à la fois pour compenser le déclin des puits déjà forés, et pour assurer la croissance.
Mais forer des nouveaux puits coute cher. Augmenter la production garantit un cash flow négatif, la laisser décliner (ce qui supprime les nouveaux forages) permet de gagner de l'argent. L'intérêt économique des acteurs du secteur est donc de ne pas augmenter (ou très peu) la production. Mais cela signifie que le shale oil ne peut pas compenser le déclin des autres productions, déclin enclenché depuis 2008 dans le monde, et donc que la production pétrolière mondiale devrait significativement décliner d'ici à 2050, climat ou pas.
Le pétrole restant un facteur limitant de l'activité économique mondiale (car il permet l'essentiel des transports), il est donc probable que les flux physiques vont se retrouver de plus en plus contraints à l'avenir. Macroéconomiquement, cela signifie que le plus probable pour les décennies à venir est un PIB contracté en tendance (du moins tant qu'on le compte pareil), et, physiquement, des ressources matérielles (nourriture, métaux, objets...) de plus en plus difficiles à produire et mettre à disposition en quantités identiques et au même endroit.
Il sera intéressant de voir si le lien est fait entre cette annonce américaine et les perspectives "de facilité" (en pratique un PIB croissant) mises en avant par les exécutifs européens, à commencer par ceux qui briguent cette place en France. Cela fera partie des choses que The Shift Project regardera quand il passera à la loupe les programmes des candidat(e)s.