jancovici-updates/true_content/posts/2022/03/change-me-346.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-03-18T08:28:03'
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title: CHANGE_ME 346
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S'il faut se passer du pétrole et du gaz russes, en ne comptant pas trop sur la possibilité de se retourner vers d'autres producteurs (notamment sur le pétrole dont la production future, sur terre, risque de ne pas beaucoup augmenter avant un déclin marqué : https://lnkd.in/dwPcgve), il va falloir faire... des économies.
La question devient alors : que pouvons nous économiser, comment, et à quel horizon de temps ? Parlons chiffres : cet article publié sur le site de Carbone 4 détaille l'utilisation du pétrole et du gaz en France, et fournit également l'ordre de grandeur des économies possibles (pour le pétrole et pour le gaz) associées à un certain nombre de gestes de sobriété.
Pour le pétrole, ralentir sur la route (dont limitation à 110 sur autoroute), avoir une conduite "sobre" (pas d'accélérations furieuses, par exemple), et éviter de prendre la voiture pour les déplacements courts, permettrait de se passer du pétrole russe (environ 10% de notre consommation) à l'horizon de l'année.
Evidemment, ce calcul est fait à la maille française. A la maille européenne (un tiers du pétrole provient de ce pays) cela n'est plus suffisant, or il y aurait probablement un goulet d'étranglement sur nos autres fournisseurs si les autres pays européens décident aussi de se tourner vers d'autres producteurs.
Pour le gaz, qui sert avant tout au chauffage, aucune marge n'est rapide à part baisser le thermostat (rappelons que la réglementation est que la température intérieure ne doit pas dépasser 19 °C !). Isoler ou passer à la pompe à chaleur demandent des années pour que le résultat soit là. Et, comme pour le pétrole, si les autres pays ne veulent plus de la Russie, cela créera un goulet d'étranglement sur les autres producteurs (pour le moment la France importe de Norvège une part majeure de son gaz, mais la Norvège devra fournir d'autres pays - dont l'Allemagne - si toute l'Europe cherche à se détourner de la Russie).
Ce que rappelle cet épisode russe, c'est que l'absence de décarbonation n'est pas une option. A partir du moment où pétrole et gaz sont épuisables, il arrive un moment où nous devons faire avec moins, climat ou pas.
Evidemment personne n'a de boule de cristal pour prédire quand exactement et avec quelles modalités exactement ce "moins" arrive. Par contre, tabler sur le fait que nous n'aurons jamais de mauvaise surprise côté fourniture dans un monde qui reste dépendant aux hydrocarbures est un pari que nous sommes sûrs de perdre.
Pas de mauvaise surprise, c'est pourtant ce qu'ont supposé les candidat(e)s en 2017, et je ne suis pas sur que les programmes actuellement présentés soient tous compatibles avec une nouvelle récession significative qui arriverait pendant le prochain mandat à cause d'une nouvelle "mauvaise surprise".