jancovici-updates/true_content/posts/2022/06/change-me-246.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-06-13T16:26:30'
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title: CHANGE_ME 246
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Il y a quelques temps, le gendarme boursier américain avait ouvert une enquête sur DWS, une filiale de Deutsche Bank (et un gros gestionnaire d'actifs européen), pour des allégations de greenwashing (https://lnkd.in/ew5M3-ys ).
A l'époque je m'étais dit que c'était une manoeuvre subtile des USA pour pénaliser un concurrent, et que la ficelle pouvait être grosse. Mais, cette fois-ci, c'est un des noms connus du système financier américain qui est dans le collimateur de la Securities and Exchange Commission : Goldman Sachs. L'accusation est en l'espèce que l'établissement se verdit à bon compte sur des produits qui ne sont pas aussi verts que ce que la "réclame" en dit.
Il y a deux manières de se comporter en pareil cas pour le régulateur : juger du fond ou juger de la forme. La dernière éventualité consiste à demander - et contrôler - uniquement de la transparence et à laisser le client juger de la pertinence. La première consiste à normaliser la méthode qui est censée comporter le bon niveau de pertinence, et à vérifier ensuite l'application de la norme.
Lorsque le sujet est émergent, c'est la première manière de faire qui est la bonne : le régulateur a par construction toujours un train de retard sur la production de connaissances dans le secteur, et s'il normalise le fond trop vite il a toutes les chances de se tromper de bonne norme (sur laquelle il sera difficile de revenir rapidement) en confondant vitesse et précipitation.
Mais une fois que le sujet est mature il ne faut pas se limiter à une obligation de transparence. Il est alors légitime de construire une norme et de demander aux acteurs de s'y conformer. Mais le secteur privé garde toujours un avantage : comme c'est lui qui produit les connaissances (bonnes ou mauvaises), c'est lui qui sait le premier comment suggérer une obligation le concernant qui n'en sera pas vraiment une (j'ai vécu cela dans les échanges entre secteur privé et puissance publique sur l'obligation de publication des émissions de gaz à effet de serre d'une entreprise).
Il ne suffit donc pas d'être conforme pour être pertinent. C'est évidemment utile quand le gendarme attrape un menteur. Mais la vraie bataille reste celle de la norme. Elle se passe généralement loin de la scène médiatique alors que c'est là que ca se joue...