jancovici-updates/true_content/posts/2022/07/change-me-205.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-07-21T07:56:41'
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Dans un éditorial paru dans Les Echos, Lucie Robequain critique à bon droit le dispositif que le gouvernement entend prolonger sur le prix des carburants routiers.
Première faiblesse de la ristourne pour tous : elle profite à des gens qui n'ont pas à choisir entre payer l'essence pour les trajets obligatoires et manger en fin de mois.
Cela concerne typiquement les déplacements de loisirs (un tiers de la mobilité en voiture), et la mobilité motorisée des classes moyennes et supérieures (car eux peuvent arbitrer d'autres dépenses qui ne relèvent pas du nécessaire), soit au moins une grosse moitié du kilométrage en voiture dans notre pays.
Au motif d'aider ceux qui vraiment devraient se priver de l'essentiel pour utiliser leur véhicule pour aller travailler sans aucune option pour faire différemment à court terme, on supprime pour tous les autres un signal qui dit clairement que demain nous aurons moins de pétrole.
Plus largement, cette ristourne ne s'accompagne d'aucun discours sur la nécessaire sobriété à venir sur les carburants routiers. Rien sur la baisse inexorable de la quantité de pétrole que nous allons avoir à disposition, pour des raisons géologiques (https://bit.ly/3PK99tI ) ou pour des raisons de "neutralité carbone". S'il y a un moment où il faut en parler, c'est bien quand le carburant dépasse 2 euros le litre et que la température dépasse 40°C !
Troisième faiblesse : le trou dans les finances publiques augmente alors que les taux d'intérêt remontent. A un moment où à un autre la population paiera d'une autre manière le cadeau fait à court terme. Mais bon, ce problème n'est que d'argent, à la différence du climat et des transports qui sont des problèmes "physiques".
Il eut été bien plus pertinent de faire à court terme une aide ciblée sous condition de ressources, et de penser en même temps (expression brevetée) aux moyen d'inciter fortement - voire d'obliger - à s'organiser autrement pour l'avenir (covoiturage du quotidien, multimodalité - par exemple covoiturage +autocar, éventuellement véhicule électrique, etc). C'est peut-être plus compliqué à mettre en place, mais j'espère que notre gouvernement ne s'imagine pas une seconde que l'avenir va être simple.
Enfin cet éditorial ne mentionne pas un élément supplémentaire : subventionner les carburants c'est subventionner nos importations, donc à la fois financer l'effort de guerre de Poutine (dont on ne parle plus de boycotter le pétrole !) et accroître le déficit de la balance commerciale.
Face à un déficit inexorable, une aide ne peut qu'être transitoire, le temps de s'organiser autrement. Où, dans la communication gouvernementale, est l'annonce d'une organisation différente qu'il va impérativement falloir mettre en place ? Incidemment les Républicains ne semblent pas avoir les yeux plus en face des trous...
Lorsque le gaz viendra à manquer cet hiver ou l'hiver d'après, le gouvernement actuel sera encore en place. Il serait bon qu'il y pense un peu à l'avance.