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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-08-08T16:57:17'
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li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_chaos-after-heat-crashes-computers-at-leading-activity-6962451685436706816-gUY4
title: CHANGE_ME 188
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Le système informatique d'un des plus grands établissements hospitaliers de Grande-Bretagne n'a pas résisté à la vague de chaleur qui s'est abattue sur ce pays il y a quinze jours.
Le numérique devrait faire l'objet d'une attention spéciale dans le contexte énergético-climatique à venir :
- il est gourmand en ressources (40 métaux différents dans un ordinateur)
- il correspond à 4% de l'empreinte carbone planétaire environ, et des choses aussi indispensables que la vidéo netflix sur le portable ou le métavers pour vendre du Mr Propre (sans parler de la réalité virtuelle ou des jeux en ligne) poussent fortement dans la mauvaise direction
- et il ne tolère pas nécessairement les très fortes chaleurs.
Il se trouve que, dans les années et décennies qui viennent :
- la fabrication des composants (dalles d'écrans, microprocesseurs, mémoires flash, microcontrôleurs, etc) est très concentrée (pour certains composants il n'y a que un ou deux fournisseurs majeurs ou zones de production majeures), et il y a donc besoin d'une mondialisation importante derrière pour que tout le monde en profite. Or, les chaines mondialisées vont être soumises à des pressions croissantes avec la décrue pétrolière et les soubresauts économiques et politiques qui vont en résulter. La conséquence, pour les pays qui n'ont ni mines ni usines, est potentiellement un système digital (dont nous nous rendons dépendant, pour payer nos impôts, communiquer, gérer des usines, gérer la production électrique, ou... nous soigner) qui sera plus difficile à maintenir et donc soumis à des défaillances accrues.
- enfin la pression climatique va aussi occasionner des défaillances en quantité croissante. Soit des centres névralgiques seront inondés (la réédition de la crue de 1910 à Paris, par exemple, noierait des infrastructures de réseau importantes), soit des composants pas assez résistants à la chaleur (pas prévus pour) seront défaillants.
Pour la sécheresse, il nous a fallu attendre d'avoir le nez dessus pour comprendre que nous aurions du nous préparer depuis un moment déjà (ce que nous n'avons pas - ou pas assez - fait, alors que c'était parfaitement prévisible).
Pour le digital, faudra-t-il attendre des pannes majeures (par défaut de fourniture de composants de remplacement, ou par défaillance due au climat) pour réaliser là aussi qu'il aurait fallu agir avant ?
"Agir" c'est assez simple : ca sera revenir à l'analogique pour des systèmes qui ne doivent vraiment pas défaillir (par exemple je suis très réservé sur la numérisation du contrôle commande des centrales nucléaires), aller sur la sobriété numérique pour les autres usages (limitation des débits et du renouvellement des terminaux pour faire simple), et "durcir" les composants pour résister à des fortes chaleurs.
Ne pas agir signifie que nous aurons, "un jour", de grosses paralysies subites, dont l'épisode sanitaire londonien donne une petite idée. Autant ne pas attendre !