jancovici-updates/true_content/posts/2022/09/change-me-133.md

28 lines
3.2 KiB
Markdown
Raw Permalink Normal View History

2023-02-19 10:56:01 +00:00
---
date: '2022-09-30T07:23:09'
li-id: 6981513754509254656
li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_la-france-va-cofinancer-la-construction-de-activity-6981513754509254656-CHYm
title: CHANGE_ME 133
---
Nous avons désormais les yeux de Chimène pour l'hydrogène. Partons nous dans la bonne direction avec les annonces gouvernementales ?
Dans le Plan de Transformation de l'Economie Française, nous proposons d'en produire "un peu", c'est à dire en gros autant qu'aujourd'hui, mais au lieu de le faire en "reformant du méthane" (voir https://bit.ly/3LSyUHN ), il serait produit en électrolysant de l'eau avec de l'électricité décarbonée.
Dans notre plan, il ne sert qu'à deux choses :
- produire de l'ammoniac, qui permet lui-même de produire des engrais. Même en diminuant la consommation d'engrais de synthèse, nous en aurons besoin un petit moment avant de pouvoir éventuellement nous en passer "un jour" en agriculture
- produire de l'acier, en remplaçant le charbon (le coke) pour ôter l'oxygène associé au fer dans le minera de fer.
Ce sont donc deux applications industrielles "fixes". Nous ne proposons pas d'en utiliser de manière significative dans les transports. Les raisons à cela sont :
- le volume d'électricité nécessaire. Les poids lourds c'est actuellement 8 millions de tonnes de pétrole par an en France. Pour avoir la même énergie sous forme d'hydrogène (sachant que les rendements d'une pile à combustible et d'un moteur de poids lourd sont proches) il faudrait environ un tiers de la production électrique actuelle (il en faudrait 3,5 fois moins pour une propulsion directe à l'électricité en posant des caténaires sur les autoroutes et les principales routes)
- la logistique de l'hydrogène. Gaz le moins dense énergétiquement par unité de volume, son stockage et sa manutention sont très couteux énergétiquement. Molécule la plus petite de notre environnement, ce gaz s'infiltre par la moindre fissure et fragilise l'acier : il faut modifier les réseaux ou en construire de nouveaux (ca nous met hors délai)
Quand on lit dans cet article des Echos que le plan hydrogène français concerne surtout la mobilité, il est à craindre que notre pays ne prenne à nouveau un vrai problème par le mauvais bout. Cette mobilité hydrogène peut éventuellement concerner des applications de niche (un train ici ou là), mais il y a des alternatives plus pertinentes pour l''essentiel de la mobilité des personnes et des marchandises que de se jeter sur ce vecteur à la mode.
Voir https://bit.ly/3Ciz3B4 pour le fret ; https://bit.ly/2H5Eubp pour la mobilité du quotidien et https://bit.ly/3rj6lK1 pour la mobilité longue distance.
Enfin le gouvernement table sur une "baisse des couts". Mais la baisse des couts se constate historiquement dans un monde mondialisé en croissance énergétique. Nous ne l'aurons plus dans un monde globalement en décrue énergétique.
Nous n'avons que 28 ans pour arriver à diviser les émissions planétaires par 3, ou pour avoir en Europe une division par 2 à 10 du pétrole disponible (https://bit.ly/3E6qJFY ). Nous n'avons pas le luxe de tâtonner en se disant que l'on changera de plan s'il est mauvais. Si le plan est mauvais ca se paiera en drames.