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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-09-16T10:34:29'
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title: CHANGE_ME 147
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Le changement climatique n'est bien sur qu'une des pressions amenées par la croissance de la population humaine et de la consommation de biens et d'objets par personne. Il y en a d'autres : l'érosion de la biodiversité, ou la pollution, par exemple.
La première cause d'érosion de la biodiversité est la destruction d'habitats (pour les espèces), et une des causes de destruction d'habitats est l'artificialisation des sols. Ce n'est certes pas la première (qui est de loin l'augmentation des surfaces cultivées ou pâturées) mais elle y contribue.
Dans notre pays, cette artificialisation des sols - très significative - est un autre exemple de hiatus entre le discours et les actes. Cela fait des années ou même des décennies que l'étalement urbain est considéré comme une tendance à combattre, et pour autant il ne cesse de se développer (le Grand Paris étant un projet d'étalement urbain parmi d'autres, quelles que soient ses justifications).
Pour voir comment a évolué la consommation d'espace pour artificialisation de 2009 à janvier 2021, le ministère de l'environnement (on me pardonnera de ne pas donner à chaque fois le nom à rallonge du moment et surtout de ne pas parler de développement durable :) ) publie une carte très parlante : https://bit.ly/3RWb0xm
La France s'est fixé un objectif de "zéro artificialisation nette" dans la loi climat de 2021, qui prévoit que d'ici à 2030 le rythme d'artificialisation soit divisé par 2. Mais évidemment quand il s'agit de rentrer dans le dur les élus locaux expliquent facilement que cet objectif doit surtout concerner les voisins : https://bit.ly/3LhAR06
Cela n'est pas très étonnant que les élus locaux résistent. Car ce que l'on appelle "aménager" signifie en pratique couler du béton. A mon modeste niveau d'utilisateur occasionnel d'une voie cyclable située au sud de Paris (la Coulée verte), à chaque fois que je vois un panneau annonçant un "aménagement" de cette piste je sais que cela signifie que l'on va bétonner/bitumer une partie de la voie ou de ses abords (et ca ne rate jamais !).
Tout élu local adore en général délivrer des permis de construire. Cela augmente la population dont il a la charge et donc à la fois son importance comme "personne ayant charge d'âme", et les impôts ou dotations de toute nature qui arrivent dans ses caisses.
Une des choses qu'il faudra faire si l'on veut inverser la donne sur l'artificialisation sera probablement d'indexer les dotations de l'Etat sur des critères d'attribution qui ne sont pas avant tout la population (mais par exemple la surface non bâtie ou la superficie forestière).
Ce qui est sur, c'est qu'avec les incitations actuelles à à faire grossir les grandes aires urbaines, parce qu'elles sont "mieux placées pour l'économie", nous avons un autre conflit d'objectif entre économie (qui ne compte que l'apport humain) et destruction de ressources gratuites (sols, espèces).