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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-09-08T10:53:11'
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title: CHANGE_ME 156
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Elle ne fait que 2% du PIB, mais elle nourrit 100% de la population, occupe 2/3 du territoire (pâturages inclus), entretient une biomasse animale (celle des bovins) du même ordre que celle des français(es) - avec 15 millions de bêtes à corne pesant en moyenne quelques centaines de kg - et engendre 20% de nos émissions de gaz à effet de serre.
Si l'on regarde sa part dans l'économie, l'agriculture est un non sujet. Pire : pour rapidement "créer de la valeur" (expression plus que discutable !) qui attirera l'attention de la presse économique et des pouvoirs publics, mieux vaut faire des licornes pour développer des jeux en réalité virtuelle ou améliorer un logiciel de trading (aucun des deux ne remplissant nos estomacs) que de démarrer une exploitation agricole vertueuse.
L'agriculture partage une caractéristique avec le climat : pour qu'elle (re)devienne un sujet sérieux, il faudra arrêter de tout réduire à des indicateurs économiques, et revenir à des indicateurs physiques - ceux qui comptaient le plus avant que nous ne devenions une civilisation d'urbains déconnectés de ce qui se passe "en dehors".
Parce que ce secteur a beau représenter beaucoup moins que les télécoms ou la voiture dans le PIB, il se trouve à la base de la pyramide de Maslow, et sans base une pyramide a du mal à rester debout. Sans nourriture, adieu la start-up nation !
Or, ce sujet de la production de nourriture est par ailleurs lié à l'actualité "par tous les bouts" : à l'amont du champ, les combustibles fossiles servent à fabriquer des engrais et à alimenter des engins agricoles, et à l'aval ils servent à transporter les récoltes jusqu'aux élevages ou usines de l'agroalimentaire, puis des usines aux magasins ; ils servent à transformer et emballer... de telle sorte que la dépendance de la chaine alimentaire aux hydrocarbures est massive.
Il faut y rajouter les "aleas climatiques", qui sont de moins en moins des aleas et de plus en plus une nouvelle normalité : sécheresses, gels alors que l'hiver doux a lancé la végétation trop tôt, grêle, inondations parfois...
Il est évidemment urgent de s'occuper du sujet, car les temps de transformation sont longs en agriculture. Pour voir des cultures ou animaux différents, cultivés ou élevés différemment, transformés et distribués différemment, à des consommateurs qui vont devoir moins habiter en ville (car la ville ne peut "vivre" qu'avec des flux importants qui demandent une énergie abondante) et qui auront des habitudes alimentaires différentes, il va falloir des décennies.
La première action qui attestera de la volonté présidentielle rapportée par les Echos sera le nombre de personnes, leur qualité et leur temps disponible, qui vont plancher sur le sujet (et devoir discuter avec une administration européenne qui tient une partie importante des manettes). On ne devrait pas tarder à avoir la réponse !