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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-10-08T15:41:30'
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title: CHANGE_ME 125
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Fesse de Bouc a changé de nom pour désormais s'appeler Meta. A nous la "réalité immersive" et les "mondes virtuels" ! Et à Meta le produit (économique) de notre envie de nous évader du monde tel qu'il est pour nous en inventer un bien mieux, parce qu'il faudra au passage acquérir quelques babioles (masque de réalité virtuelle, par exemple) disponibles contre espèces sonnantes et trébuchantes : https://www.meta.com/fr/
Alors que le digital représente déjà 4% à 5% de l'empreinte carbone mondiale, faut-il consacrer des ressources supplémentaires à pouvoir acheter un terrain virtuel pour y construire un hôtel virtuel et y utiliser du Monsieur Propre virtuel ? (toutes ces choses existent déjà...).
Un ordinateur demande 40 à 50 éléments différents (comme une éolienne incidemment). Ces éléments sont en quantité finie. Le digital consomme de l'électricité. Cette dernière est fossile à 60%. Plus on fera de metaverse et plus on mettra de CO2 dans l'air d'une part, et plus on perdra définitivement de métaux et d'autres éléments pour payer nos impôts, nous inscrire à l'école ou appeler les pompiers.
En effet, la société moderne a tout organisé autour du digital, c'est à dire autour de la disponibilité en silicium, indium, cuivre, étain, de or, aluminium, antimoine, arsenic, baryum, béryllium, cadmium, chrome, cobalt, gallium, plomb, manganèse, mercure, palladium, platine, sélénium, zinc...
Si demain matin nous devions nous retrouver privés de composants électroniques de manière massive, parce que les matériaux qui les permettent font défaut, assez vite nous n'aurions plus de compte en banque, plus de communications, plus de gestion des trafics de véhicules, plus d'électricité, plus d'admission post bac (!), plus de vente en ligne et... plus d'impôts.
Question donc : est-ce la voie de la raison que de piocher encore plus vite dans le stock résiduel juste pour pouvoir se distraire, alors que ce n'est quand même pas très difficile de trouver d'autres moyens de le faire ? Cette question est d'autant plus légitime que la sédentarité et les écrans chez les enfants sont raisonnablement délétères sur notre santé, et que du numérique il en faudrait probablement plutôt moins que plus désormais...
Il est à craindre que, comme d'habitude, nous nous posions la question de savoir s'il fallait y aller qu'une fois que la chose aura démarré. Or, comme chacun(e) sait, perdre une mauvaise habitude est considérablement plus difficile que de ne pas la prendre. Pourquoi est-ce si difficile d'avoir des débats apaisés sur les nouveautés techniques avant leur déploiement ?
Cela ne signifie pas que l'on refuse d'y aller par principe. Mais le faire parfois n'est pas nécessairement un comportement rétrograde, mais juste faire preuve de discernement.