jancovici-updates/true_content/posts/2022/11/change-me-96.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-11-07T08:06:55'
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title: CHANGE_ME 96
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Dans un entretien au Télégramme (qui à une époque fut "de Brest"), Lionel Alletto évoque les modifications des pratiques agricoles qu'il serait pertinent de mettre en oeuvre pour gagner en résilience et diminuer la pression sur l'environnement (NB : je soupçonne la transcription de l'interview de comporter quelques erreurs ici ou là, qui conduisent certaines phrases à être étranges ou en décalage).
Quelques éléments intéressants de cette interview :
- les techniques sans labour semblent améliorer la résistance à la sécheresse (un avantage qui pourrait ne pas être mince avec ce qui nous attend)
- la diversification des cultures - dont la polyculture élevage - permet de diminuer l'usage des phytosanitaires
- le seul phytosanitaire vraiment utile en agriculture de conservation c'est... le glyphosate (tous les échos que j'ai eus laissent penser que ce n'est pas celui dont l'interdiction est la plus prioritaire...)
- en "période de temps calme" sur le prix de l'énergie, l'agriculture de conservation ne change pas la donne sur le plan économique (donc elle ne rapporte rien de plus... mais ne coute pas plus non plus), mais quand les prix des hydrocarbures grimpent au plafond elle donne un avantage
J'avais retenu par ailleurs que d'avoir un couvert végétal sur l'ensemble de l'année favorise la séquestration de carbone dans le sol.
"sur le papier", dixit l'urbain que je suis qui ne tient pas souvent une fourche ou une bêche :), cette technique semble donc à généraliser. Que manque-t-il pour que cela soit le cas ? La liste des "conditions du succès" n'est pas très différente ici de ce qu'elle est pour tout passage à l'échelle d'une manière de faire pour laquelle des pionniers montrent que globalement ca fonctionne :
- une valorisation "culturelle" d'un changement de pratique dans un monde où c'est plutôt l'inverse qui est la règle. Les terroirs, AOC, etc, valorisent le fait de "faire toujours pareil", et là il s'agit de valoriser l'inverse !
- du coup il faut un accompagnement et de la formation, à la fois par la recherche (c'est donc une très bonne chose que l'INRAE s'en mêle) et par les entités dévolues à cet effet (chambres d'agriculture et conseil interne des coopératives notamment)
- il faut aussi que les règles économiques ne dissuadent pas explicitement les modifications de pratiques, voire les encouragent (il n'y a pas que les prix de vente pour cela : l'Etat, comme il l'a fait pour le covid, pourrait reprendre de la dette d'agriculteurs qui accepteraient de changer de pratiques, par exemple). Or le premier souci des règles économiques aujourd'hui n'est pas d'assurer la "durabilité physique" !
Tout est résumé dans cette phrase de l'interview : "Les systèmes [agricoles] doivent (...) gagner en résilience et (...) être moins dépendants des ressources externes, être plus diversifiés pour faire face aux aléas, maximiser les services écosystémiques". Il n'y a plus qu'à :)