jancovici-updates/true_content/posts/2023/02/change-me-9.md

28 lines
3.2 KiB
Markdown
Raw Permalink Normal View History

2023-02-19 10:56:01 +00:00
---
date: '2023-02-08T18:24:06'
li-id: 7029152901151227904
li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_r%C3%A9chauffement-climatique-christophe-b%C3%A9chu-activity-7029152901151227904-Ko6p
title: CHANGE_ME 9
---
L'automobiliste qui boucle sa ceinture s'attend-il à avoir un accident ? Le particulier qui paye sa prime d'assurance contre l'incendie s'attend-il à voir son domicile en proie aux flammes ? Le navigateur qui enfile son gilet de sauvetage à finir par-dessus bord ?
Lorsque le coup du sort est possible, la prudence veut que l'on prenne ses précautions, pour parer des éventualités alors même que la personne qui est victime n'est pas en défaut sur son propre comportement (comme un conducteur saoul qui ne vous a pas vu ou un coup de foudre).
Il en va de même pour le climat. Si l'évolution des conditions climatiques en France ne dépendait que des émissions françaises (une chose que pensait un ministre que j'ai rencontré dans le gouvernement Macron I, accessoirement), on pourrait considérer que de préparer le pays à une évolution climatique "incompatible accords de Paris" est une démission.
Mais ce que sera le climat de la France en 2100 dépend avant tout de ce que vont émettre tous les autres pays que le nôtre d'ici à 2100. Avons nous de la prise dessus ? La réponse est oui pour partie : d'une part l'humain est animal mimétique (merci la mode pour nous le rappeler !), et d'autre part si nous trouvons des "solutions" chez nous nous pourrons ensuite les exporter.
Mais nous avons au mieux un pouvoir d'influence et non un pouvoir absolu. La prudence veut donc que l'on ait un plan B si la baisse des émissions ne va pas assez vite dans le monde (et actuellement elle ne va pas assez vite...).
En pratique, avoir ce plan B signifie "durcir" tout ce que nous pouvons durcir en France pour résister au mieux à des conditions climatiques qui dériveraient fortement par rapport au scénario "idéal" d'une hausse limitée à 1,5 °C dans le monde (ce qui signifie plus en France car les terres émergées se réchauffent plus vite que la moyenne).
Ce n'est pas une fois que la situation est "cata" que nous aurons la possibilité d'avoir en une semaine une forêt constituée des bonnes espèces, des cultures résistant aux canicules ou hivers doux, des infrastructures et des voies de communication en état de fonctionner, ou encore des logements qui ne soient pas des fournaises.
Le principe même de s'y prendre maintenant pour être "prêt" dans 50 ans, et d'utiliser d'un scénario très adverse est donc une bonne chose : cela s'appelle de la prudence.
Pour passer à l'action, il va d'abord falloir modéliser pour chaque acteur les conséquences possibles de 4°C de réchauffement en France. Que risque un bailleur social ? Une installation industrielle ? Un pont ? Un réseau d'eau ? Un agriculteur ? Un réseau de communications ? Un hôpital ?
Puis il faudra ensuite imaginer les moyens d'y répondre (et parfois le seul sera l'abandon...) et enfin les mettre en oeuvre.
Tout cela demandera des moyens intellectuels puis matériels (et donc des sous). Sans obligation sérieuse de la puissance publique, il est peu probable qu'ils arrivent tous seuls à la bonne vitesse !