jancovici-updates/true_content/posts/2021/09/change-me-580.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2021-09-30T05:53:37'
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title: CHANGE_ME 580
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Depuis quelques temps, on voit apparaître ici et là des prises de position "anti-décroissance" comme l'article ci-dessous, alors qu'auparavant les développements se contentaient d'être "pro-croissance".
De fait, proposer comme projet de société l'exact inverse de ce qui a été l'objectif pendant longtemps est déstabilisant. C'est même peut-être une erreur de communication, car cela demande de considérer que l'évolution qui a été la nôtre depuis deux siècles n'était pas une bonne idée, et même les "pro-décroissance" sont généralement contents d'avoir un frigo, l'eau courante, un vélo performant, et... internet pour exprimer leur avis :)
Il y a cependant quelque chose d'intéressant derrière ce point de vue : l'idée qu'il ne faut plus conditionner les plans pour l'avenir à l'existence de la croissance. Et là, nous ne sommes plus dans l'opinion, mais dans les faits. Car, si on reste homogène dans ce que l'on mesure, la croissance est désormais aux abonnés absents depuis 10 ans en Europe, et, en tendance, non seulement elle ne reviendra pas, mais la contraction devrait s'amplifier.
"La croissance", c'est celle du PIB, qui, tel qu'il a été conçu il y a presque un siècle, était censé mesurer de manière agrégée la production de biens (surtout) et de services (marginalement à l'époque) issus de notre système productif.
Or, produire un bien est une affaire de transformation de ressources naturelles. Il se trouve que la transformation a son unité de compte en physique : l'énergie. Pour faire plus de biens, il faut donc transformer plus, et donc utiliser plus d'énergie. En pratique cette dernière est utilisée par un parc croissant de machines.
Même les services obéissent largement à cette définition. Un hôpital, un train, un réseau de télécommunication, ce sont avant tout des machines qui demandent de l'énergie pour être fabriquées et pour fonctionner.
En Europe, l'approvisionnement énergétique est contraint à la baisse en tendance depuis 2006. Le pétrole est de moins en moins disponible pour nous depuis le pic de production (mondial) sur le conventionnel survenu en 2008. Pour le gaz, la cause est le pic de production de la Mer du Nord en 2005. Pour le charbon, la production européenne a culminé il y a un demi-siècle. Gaz et charbon sont malcommodes à importer massivement.
L'hydro est stable (tout est équipé ou presque), le nucléaire en déclin voulu, et les nouvelles ENR bien trop "faibles" physiquement pour compenser le reste. Notre parc domestique de machines va donc travailler de moins en moins, ce qui signifie, aux gains d'efficacité énergétique près (faibles), que le PIB "vrai"... diminuera.
La décroissance est donc déjà là de manière larvée en pratique, et va s'accentuer (https://lnkd.in/gPsGK-F ). Ce qui est urgent, c'est de réfléchir à la meilleure manière de piloter notre destin dans ce contexte. Dire "je veux pas" ne nous sera hélas pas très utile.