jancovici-updates/true_content/posts/2021/10/change-me-548.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2021-10-16T15:43:53'
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L'objectif 3 de France 2030 consiste à baisser les émissions de gaz à effet de serre de l'industrie de 35 % de 2015 à 2030. Dans l'industrie, 75% des émissions directes viennent de la production de l'acier, du ciment, et des produits chimiques de base.
Le discours présidentiel mentionne effectivement ces trois secteurs, mais ne dit pas ce qui sera fait en pratique. Sur l'acier, l'enjeu majeur est de passer à l'hydrogène pour réduire le minerai de fer en lieu et place du coke (voir explications sur https://lnkd.in/dm9ZzP5u ), mais à raison d'un réacteur nucléaire par haut fourneau- il y en a 5 en France - à remplacer par un dispositif à l'hydrogène, ca va demander un peu plus de 2 milliards d'investissements d'y arriver ! (disons 30 à 40 pour la partie nucléaire, et il faut probablement en ajouter de l'ordre de 10 à 20 pour les dispositifs de production chez l'aciériste, en ce inclus l'électrolyseur, l'usine de pellets, etc).
L'essentiel de l'investissement devra donc être porté par la filière elle-même. La barrière n'est pas tant technologique que réglementaire, avec un cadre stable et pérenne permettant de "rérisquer" l'investissement.
Ce cadre est en gros un prix du carbone élevé de manière prévisible (ce qui ne dépend pas de la France mais de l'Europe puisque les hauts fourneaux sont dans le système de quotas) et d'un mécanisme d'ajustement aux frontières (qui ne dépend pas de la France mais de l'Europe), car l'acier voyage pas mal.
Dans le ciment, les 2/3 des émissions venant de la calcination du calcaire (l'opération qui, à haute température, casse en deux la molécule de carbonate de calcium - CaCO3 - pour en faire de la chaux vive - CaO - et du CO2), on est coincés pour diminuer les émissions d'un facteur 5 à production constante, sauf à déployer massivement de la capture et séquestration du CO2 (https://lnkd.in/eJGC-w5 ). Macron ne dit pas si c'est cela qu'il a en tête, ni quel cadre permettrait à ce procédé de se déployer. Il reste certes des barrières technologiques à franchir, mais dans l'ensemble c'est à nouveau un sujet de cadre dans lequel mettre les cimentiers plus que de R&D, sachant que le ciment voyage moins que l'acier.
Dans la chimie, ce secteur a mangé l'essentiel de son pain blanc avec l'éradication quasi-totale des émissions de protoxyde d'azote. Là aussi il est peu probable que l'on puisse atteindre les niveau de réduction souhaités sans se passer d'une partie du plastique. La chimie est très ouverte à la mondialisation, et donc si les contraintes conduisent à diminuer les volumes ou augmenter les prix, il faudra aussi un mécanisme pour éviter que des importations ne prennent le relais. A nouveau, cela peut être un mécanisme d'ajustement aux frontières, mais aussi une réglementation sur le contenu carbone maximum de ce qui est vendu en Europe.