jancovici-updates/true_content/posts/2021/11/change-me-515.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2021-11-06T11:00:43'
li-id: 6862705286675750912
li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_cest-un-article-scientifique-paru-dans-une-activity-6862705286675750912-RBuD
title: CHANGE_ME 515
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C'est un article scientifique paru dans une revue - Applied Energy - dont peu de lectrices et de lecteurs de ce post connaissent le nom : https://lnkd.in/deRkk_5h
C'est un article qui parle d'un sujet très souvent balayé d'un revers de la main par la communauté des "écologistes" : le pic de production du pétrole. Du pétrole, mais il y en a bien assez pour faire "péter le climat", non ?
C'est un article qui s'attaque à LA bonne question quand il s'agit d'énergie. Cette question n'est pas de savoir combien il sort des gisements (de pétrole, de gaz et de charbon), mais quelle fraction de ce qui sort de ces gisements est effectivement disponible pour alimenter le grand costume d'Ironman qui désormais travaille pour nous.
Car, pour "produire" de l'énergie, il faut... de l'énergie. Extraire du pétrole demande des puits, plates-formes en mer, oléoducs, bateaux pour le transport... qu'il faut construire puis faire fonctionner (énergie de pompage, d'injection d'eau, de gaz ou de CO2 pour mieux "racler" les gisements, etc). Pour transformer le bitume des sables canadiens en "pétrole" fluide, il faut casser de longues chaines carbonées en plus petites, ce qui demande beaucoup de chaleur, etc.
L'énergie qu'il faut utiliser pour extraire de l'énergie de l'environnement possède son acronyme : EROEI (Energy Return On Energy Invested). Il y a même quelques planches sur le sujet dans https://lnkd.in/dtHn5pbD !
Plus ce terme est élevé, plus il reste d'énergie après extraction pour mettre dans les camions, filatures, usines d'engrais, centrales électriques ou engins de mine. Si ce terme s'approche de 1, cela signifie que toute l'énergie extraite sert... à faire fonctionner le dispositif d'extraction. A ce moment il ne reste rien pour faire fonctionner notre costume d'Ironman.
Dans cet article, les auteurs ont calculé le pétrole "net" qui reste pour la société après que l'on ait déduit l'énergie utilisé pour son extraction. Cela donne le graphique ci-dessous, qui dit une chose majeure : en net, nous ne retrouverons plus jamais le niveau de 2019, même si la production brute augmente. En 2050, le net ne représenterait que la moitié du brut.
Certes, l'énergie d'extraction peut ne pas être du pétrole. Les canadiens envisagent par exemple d'utiliser du nucléaire pour produire la chaleur pour fluidifier le bitume in situ, et l'extraire plus facilement (utiliser du nucléaire pour récupérer plus d'énergie fossile est évidemment totalement contreproductif pour le climat). Cette énergie d'extraction peut aussi être du gaz.
NB : ce graphique ne tient pas compte du raffinage (qui consomme 10% à 15% du pétrole extrait).
Convergent avec l'analyse du Shift Project (https://lnkd.in/dqWtnMPi ), cet article nous rappelle une dure réalité : la transition va s'opérer en contraction de moyens, car le pétrole reste le sang du monde moderne.