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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2021-12-12T09:39:33'
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Le site Bloomberg BusinessWeek se fend d'un article très sévère sur les indices ESG (sigle désignant des investissements comportant des critères environnementaux, sociaux ou de gouvernance) proposés par MSCI.
MSCI est le plus gros fournisseur d'indices dans le monde. Un indice désigne une manière de constituer un portefeuille d'actions et/ou d'obligations qui obéit à des règles précises. Par exemple le CAC 40 est un indice, et la règle est qu'il agrège les actions des 40 plus grosses capitalisations de la bourse de Paris. Ces indices sont achetés par des gestionnaires d'actifs qui suivent les règles de constitution, en échange de quoi ils rémunèrent le fournisseur d'indices.
D'habitude, la presse spécialisée du monde financier a plutôt tendance à "passer les plats" en ce qui concerne le caractère ESG des indices. Dit autrement, dès qu'un gestionnaire d'actifs dit qu'il fait de l'ESG, la presse du secteur le répète sans que personne n'aille mettre son nez dans les méthodes.
Il est donc tout à fait inattendu de voir Bloomberg critiquer vertement MSCI en expliquant que ses méthodes ESG ne sont pas du tout raccord avec la réalité des problèmes à traiter.
Tout d'abord, Bloomberg explique que les indices ESG de MSCI ne rassemblent pas des entreprises qui ont un faible impact sur l'environnement, mais des entreprises qui sont faiblement à risque réglementaire pour leurs impacts.
Ensuite, ces indices sont trop peu discriminants : 90% des entreprises du SP 500 se retrouvent dans un indice ESG de MSCI ! Cela laisse évidemment penser que ces indices sont avant tout destinés à peindre en vert une situation inchangée...
Bloomberg explique également que MSCI a récemment amélioré la note ESG de 155 entreprises alors même que ces dernières n'ont rien changé, ou ne reportent pas la totalité de leur empreinte carbone, ou ont une activité difficilement compatible avec un monde peu carboné....
Bloomberg relève aussi que, dans le risque crédit, les méthodes des grandes agences de notation sont très voisines, alors que dans le domaine de l'ESG les méthodes diffèrent fortement d'un fournisseur de données à l'autre. Cela a une conséquence évidente : tout acteur financier trouvera toujours, en cherchant bien, une méthode qui lui permettra de se proclamer "dans les clous".
Bloomberg plaide pour que, sur la partie climat, les analyses des entreprises :
- soient basées sur les émissions sur l'ensemble de la chaine de valeur (le fameux scope 3 - voir https://lnkd.in/djQW4YAk )
- permettent de quantifier l'impact d'une entreprise, et non juste si elle est à risque réglementaire à brève échéance (mais avec la bonne méthode on peut faire impact et risque ; c'est ce que revendique Carbon Impact Analytics dont le guide méthodo vient tout juste d'être mis à jour : https://lnkd.in/evXqpExr)
Promis, Carbon4 Finance n'a rien soufflé à l'oreille de Bloomberg pour qu'il suggère exactement ce que nous faisons !