jancovici-updates/true_content/posts/2022/01/change-me-423.md

20 lines
2.5 KiB
Markdown
Raw Normal View History

2023-02-19 10:56:01 +00:00
---
date: '2022-01-12T07:35:59'
li-id: 6886933750400249856
li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_global-risks-report-2022-what-you-need-to-activity-6886933750400249856-QpHT
title: CHANGE_ME 423
---
Chaque année (au moins depuis quelques années !), le World Economic Forum (l'organisateur du forum de Davos entre autres choses) effectue une enquête auprès de "leaders globaux" des domaines économique, politique, et de la société civile, sur leur perception des principaux facteurs de risque dans le monde.
Cela fait désormais plusieurs éditions que le changement climatique arrive en tête de liste, et il est suivi (de peu) cette année par l'atteinte à la biodiversité.
Au vu de ce résultat, une personne "normale" se dira que si le changement climatique est identifié comme un élément susceptible de fortement porter atteinte à l'économie mondiale, alors la lutte contre le changement climatique devrait arriver en tête des actions des entreprises, ce qui signifie que les personnes en charge du climat ont à la fois beaucoup d'audience et beaucoup de moyens dans les activités économiques.
Ca, c'est la théorie. En pratique, il semblerait bien que le premier risque contre lequel les dirigeants économiques souhaitent se couvrir est celui... de la baisse du cours de bourse. Les dividendes mondiaux vont peut-être établir un nouveau record en 2021 (ils ont plus que doublé depuis la "crise financière" de 2008 : https://lnkd.in/eRSKbH-Y ), tout comme les rachats d'actions (https://lnkd.in/eEp4-fyN ).
Ces deux opérations conjuguées vont représenter en 2021 (dans le monde) plus que le PIB français... et 25 fois les montants qui devraient être allouées au climat au titre du "Fonds Vert" prévu dans le cadre de la Convention Climat.
Cet actionnaire qui a tant besoin d'être rassuré, il s'appelle souvent un épargnant. Les "investisseurs", ce sont avant tout les particuliers de la terre entière qui ont de l'épargne financière, pour capitaliser en vue de leur retraite (les fameux "fonds de pension"), ou pour placer leurs économies (l'assurance vie par exemple).
Toute personne qui est à la fois "citoyen(ne) engagé(e)" et épargnante a donc un dilemme à résoudre : que privilégier quand rendement et climat ne sont pas compatibles, ce qui sera très souvent le cas avec la convention économique ignorant la contribution des ressources naturelles ? Tant que l'épargnant dira "rendement" il ne faut pas s'attendre à ce que les dirigeants répondent "climat". Le difficile problème de la cohérence nous concerne tous...