jancovici-updates/true_content/posts/2022/02/change-me-368.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-02-26T10:19:42'
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title: CHANGE_ME 368
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L'invasion russe en Ukraine pourrait-elle propulser le prix des céréales vers des sommets ? La Russie, c'est environ 20% du blé faisant l'objet d'un commerce du commerce international. L'Ukraine, c'est un peu moins de 10% (https://lnkd.in/exKqJ5Hu ).
De ce fait, l'ensemble combiné représente un gros quart des exportations mondiales de cette céréale majeure. Y a-t-il en conséquence un vrai risque de "contrôle des prix", voire des quantités, par l'agrégation politique des deux pays ?
L'observation du prix du blé applicable aux échanges internationaux (graphique ci-dessous, tiré de https://lnkd.in/eFTtRp22 ), montre que depuis 2000 le premier déterminant du prix du blé est... le prix du pétrole. Le cours de cette céréale est monté vers des sommets lors du choc de 2008, puis celui de 2010 - 2014, et est reparti à la hausse depuis 2020 exactement comme celui du pétrole.
Est-ce un effet inflationniste du au fait que le blé se cultive avec des engrais (fabriqués avec du gaz, dont le cours est indexé sur celui du pétrole) et des tracteurs fonctionnant au pétrole ?
Un peu, mais cela n'explique pas une multiplication par 2 du prix. La première raison est probablement celle d'un arbitrage par les acteurs du marché financier (auquel je confesse ne pas avoir tout compris) qui conduit les cours de très nombreuses commodités à évoluer en parallèle.
Toujours est-il que quand on regarde cette courbe sur longue période, la hausse des derniers jours n'est pas "anormale" : elle s'inscrit juste dans une tendance qui a démarré bien avant.
Et comme il est possible que le pétrole n'ait pas terminé sa hausse (l'inverse aussi ! avec ce satané liquide les prévisions précises sont toujours un peu risquées :) ), cela signifie alors que le prix des céréales, Ukraine ou pas, continuera de monter.
Cela pourrait déclencher d'autres foyers d'instabilité : les pays gros importateurs de nourriture dont l'économie domestique n'est pas au mieux. Cela concerne notamment les pays du sud de la Méditerranée largement dépendants du tourisme (Egypte et Tunisie), ce dernier étant actuellement en phase de difficile rémission post-covid.
Nous retrouverions alors la même conjonction qu'au moment du déclenchement du printemps arabe : des sources de devises au plus bas avec un prix de la nourriture importée au plus haut. Et on connait la suite.
Ce qui précède n'est évidemment pas une prévision. Mais dans notre monde interconnecté et faisant face à des pressions "physiques" croissantes, les effets domino sont ceux qui sont le plus à redouter.