jancovici-updates/true_content/posts/2022/03/change-me-341.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-03-22T07:47:28'
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title: CHANGE_ME 341
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Alors que le conflit à l'Est de l'Europe va limiter la production et/ou les exportations de céréales (blé, maïs) ou oléagineux (tournesol), un autre gros producteur mondial fait face à des conditions de sécheresse qui ne cessent de s'intensifier (voir la carte sur https://lnkd.in/dQVN83A). En conséquence de quoi la production de blé d'hiver est incertaine, ce qui contribue aussi à faire monter les prix.
Paradoxe : en Chine ce sont des excès d'eau au moment de la plantation qui menacent la récolte de blé d'hiver (https://lnkd.in/eNcqc6xx). Pour le coup, ce ne sont pas les exportations chinoises qui sont menacées, car ce pays est un importateur, mais cela va inévitablement aussi exercer une pression sur les prix.
A un moment ou à un autre, il va falloir se poser la question de l'adaptation à une production qui ne va plus augmenter, voire baisser. C'est d'autant plus vrai que les auxiliaires de la production agricole "moderne" sont le pétrole et le gaz, pour la mécanisation et les engrais (les engrais azotés sont faits avec de l'ammoniac, lui-même fait avec de l'hydrogène... largement produit à partir de gaz).
Une large partie des céréales sert à nourrir du bétail en élevage intensif. Une autre partie sert à nourrir... nos voitures (c'est le cas de 40% du maïs américain), ce qui est aussi la destination d'une large partie des betteraves à sucre (le sucre sert à faire de l'éthanol substituant l'essence) ou du colza (qui sert à fabriquer un substitut au gazole).
Dans le Plan de Transformation de l'Economie Française (https://lnkd.in/esiqHkbf), la réponse à tous ces problèmes combine :
- une baisse de la production de viande (ce qui permet d'avoir moins de céréales à cultiver)
- moins de voitures (il faut baisser le nombre d'objets de 1 tonne ou plus de masse unitaire en circulation ; c'est physique !) ce qui permet d'avoir moins de végétaux à cultiver pour les substituts au pétrole
- un recours très modéré aux produits d'origine agricole pour l'approvisionnement énergétique d'une manière générale, pour libérer de la pression sur les sols.
Rien de tout cela ne se met en place en une semaine évidemment. Ce qui signifie que, à court terme, les pressions à la baisse sur les productions agricoles vont créer des troubles - et une forte volatilité des prix - là où l'ajustement se fera de manière forcée. Si c'est un ajustement forcé à la baisse dans les estomacs des gens qui n'ont déjà pas beaucoup à manger, il y aura hélas des problèmes de disette ou de famine.