jancovici-updates/true_content/posts/2022/04/change-me-299.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-04-28T06:40:40'
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title: CHANGE_ME 299
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Il y a déjà eu un certain nombre de commentaires ici sur ce rapport fait par des chercheurs de l'Université de Louvain (en Belgique) sur la demande en métaux de la "transition" qui risque de ne pas être si facile que cela à satisfaire : https://lnkd.in/eAfPC8Xs
Le commentaire que je voudrais faire ici est le suivant : pour savoir si un plan qui porte sur une grandeur physique a une chance de se réaliser, les couts passés ne nous sont d'aucun secours. Or c'est souvent cette donnée qui est la première prise en compte dans l'observation du passé pour jauger de la facilité à faire les choses à l'avenir.
Par exemple dans le dernier rapport du (groupe 3 du) GIEC il y a un graphique qui donne les évolutions de cout passées des énergies dites renouvelables, et la conclusion que le lecteur est tenté d'en tirer est que, ces modes étant devenus "pas plus chers que le fossile", on va pouvoir en déployer partout. Voire.
L'énergie est une grandeur physique. La quantité de cuivre ou de nickel qu'il faut pour fabriquer une voiture électrique ou une éolienne sont des grandeurs physiques. La physique a l'immense avantage d'avoir des lois constantes. Pourquoi ne pas en profiter pour regarder d'entrée de jeu la question énergétique avec le bon prisme de lecture ?
Avant de faire le moindre calcul économique, qui ne porte que sur la composante humaine du plan pour l'avenir (l'argent ne paye que des hommes, mais pas la nature), il faut commencer par faire des calculs physiques.
Pour savoir si la planète supportera 1 milliard de voitures électriques (car la transition devra être mondiale puisque le problème est mondial) pendant un siècle, il faut regarder la quantité de nickel ou de lithium nécessaire par voiture, regarder où sont les limites physiques théoriques pour faire mieux, et faire une règle de trois avec 1 milliard de véhicules et une durée de renouvellement des véhicules tous les X années (20, 30, 40, 50, peu importe mais il faut poser une hypothèse).
Il faut regarder ce qui peut revenir du recyclage (jamais 100%) et confronter cela aux stocks extractibles... et à l'énergie nécessaire pour extraire et transformer ces métaux (énergie qui augmente fortement quand la teneur en métal des mines diminue, ce qu'elle fait toujours avec le temps).
Mais ce n'est pas comme cela que les plans sont faits. Trop souvent on voit de la prospective :
- qui part des données économiques alors que l'économie du passé n'est pas prédictive de celle de demain
- qui prolonge la facilité passée sans se demander à quoi elle était due et si les conditions continueront à être réunies plus tard
- qui postule un avenir continu et sans crises, alors que ce ne va pas être le cas
- qui raisonne "toutes choses égales par ailleurs" en dehors du domaine qu'ils regardent...
Planifier sur cette base ne peut qu'amener des "surprises" quand, après coup, on regarde ce qui aurait du l'être dès le début : les possibilités physiques.