jancovici-updates/true_content/posts/2022/04/change-me-315.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-04-13T07:19:06'
li-id: 6919906797768065024
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title: CHANGE_ME 315
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N'étant pas abonné au Parisien, je ne saurai pas ce qui est écrit exactement dans cet article. Mais l'essentiel, en l'espèce, est l'existence même d'un article sur les 50 ans de ce rapport dans un "grand journal populaire", dont la ligne éditoriale est de parler du quotidien de nos concitoyens.
Ce rapport, qui est une merveille de vulgarisation sur la dynamique des systèmes, a donc été publié il y a un demi-siècle. Que penser aujourd'hui de ce travail, qui ambitionnait de fournir les "grandes tendances" caractérisant une société humaine cherchant à maintenir la croissance de son activité aussi longtemps que possible ?
Quelques chercheurs ont comparé comment avaient évolué des indicateurs "faciles à suivre" dans la modélisation de Meadows et al. et dans la vraie vie : la population, ou la production agricole ou industrielle.
A l'époque, et avec les moyens informatiques disponibles alors, il était par contre difficile de faire un modèle incorporant des milliers de variables "physiques", comme les émissions de CO2, la consommation de pétrole ou de cuivre, ou encore les populations d'espèces. La modélisation a donc porté sur des indicateurs agrégés, comme par exemple "l'ensemble des ressources non renouvelables" ou "l'ensemble de la pollution".
Pour ces indicateurs là, la comparaison avec l'évolution du monde est plus délicate. Mais si l'on prend comme proxy de la pollution les émissions de gaz à effet de serre (ce n'est pas complètement idiot : le CO2 vient très majoritairement de l'énergie, or plus on utilise d'énergie plus on transforme, et plus on transforme plus il y a de sous-produits indésirables de cette transformation = de la pollution) et si l'on prend comme proxy des stocks de ressources naturelles non renouvelables les combustibles fossiles (pas complètement illégitime non plus : nous extrayons des ressources à peu près à proportion des combustibles fossiles utilisés) alors on voit que les projections du scénario "ligne de pente" (appelé aussi "business as usual") ne sont pas très éloignées de ce qui s'est vraiment passé : https://lnkd.in/gKxWieK ).
Et il est frappant de constater que, en ce début de 21è siècle, des pics ont déjà été franchis ou sont en passe de l'être :
- le pic de poissons pêchés (1995)
- le pic de production du pétrole conventionnel (2008) et tous pétroles au cours de cette décennie si ce n'est pas 2019
- le pic de la photosynthèse aux moyennes latitudes a peut-être été passé au début du siècle...
Dans ce contexte, la question de savoir quelle retraite nous toucherons en 2050 ne se présente pas pareil qu'avec de la croissance à gogo, mais cela n'a pas l'air de trop préoccuper nos finalistes de l'élection... ni les journalistes "politiques" qui leur tendent le micro. Pourtant, si un journaliste économique d'un "quotidien populaire" s'y met (David Charpentier), les journalistes politiques - dont le métier n'est pas juste de passer les plats - ont-ils encore une seule excuse valable pour garder des oeillères ?