jancovici-updates/true_content/posts/2022/05/change-me-263.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-05-29T16:40:29'
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George Monbiot n'est pas connu pour dire souvent des choses gaies ou rassurantes. Mais il dit souvent des choses qui nous secouent de manière pertinente.
Dans cette chronique récemment publiée dans le Guardian, l'auteur pointe du doigt un point important concernant notre alimentation : comme beaucoup d'autres productions, cette dernière a été mondialisée, et ce qui était un avantage dans le passé va se retourner contre nous à l'avenir. Les pays se sont spécialisés (fruits et légumes ici, céréales là, élevage ailleurs) et les régions se sont spécialisées au sein des pays (en France on le voit bien).
C'est l'organisation qui est optimale dans le monde infini, où il y a pléthore de pétrole pour assurer le transport entre les divers maillons du système agricole et agroalimentaire (cultures, transformation, élevage, préparation, distribution, consommation). C'est aussi l'organisation optimale avec un climat stable, qui permet de rester longtemps sur les mêmes cultures et donc d'en perfectionner à l'infini les modalités.
L'ensemble est alors régulé par le libre échange et des prix de marché internationaux, qui forcent les pays adhérant au système à se spécialiser dans les seules production pour lesquelles ils sont compétitifs en délaissant le reste.
Mais George Monbiot, en s'appuyant sur de la littérature scientifique traitant du sujet, pointe la fragilité du système en univers contraint. Comme pour les médicaments au moment du covid, l'éclatement des systèmes productifs de nourriture entre étapes très spécialisées distantes les unes des autres crée une vulnérabilité accrue lorsqu'un maillon de la chaine fait défaut.
Monbiot souligne que le système mondialisé est devenu impossible à comprendre dans sa globalité parce qu'il y a désormais trop d'interactions, exactement comme personne n'avait une vue globale du système financier en 2008 et des enchainement en cascade pouvant y prendre place (je ne sais pas si c'est beaucoup mieux aujourd'hui !). De ce fait il en résulte une grande difficulté à "consolider le système" dans son état actuel.
Monbiot plaide en conclusion pour une action qui figure aussi dans le volet agriculture du plan de transformation de l'économie française : il faut "dé-spécialiser" les pays et régions agricoles. Cela fera un système peut-être moins productif quand tout va bien, mais beaucoup plus résilient quand ca commence à aller mal. Et comme la probabilité que "tout aille bien" pour un système mondialisé basé sur des grandes distances et un climat stable va diminuer avec le temps, on sait ce qui reste à faire !