jancovici-updates/true_content/posts/2022/05/change-me-275.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-05-18T12:53:52'
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title: CHANGE_ME 275
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Le pétrole devient hors de prix ? Remplaçons le ! Depuis des années déjà, le carburant disponible à la pompe incorpore des produits qui ne sont pas issus d'un gisement de pétrole, mais de cultures :
- l'essence contient de l'éthanol issu de blé (oui oui de blé !), de betteraves, ou de maïs (aux USA 40% du maïs est utilisé pour faire des agrocarburants)
- le diesel contient des huiles estérifiées issues du colza, du palme, du soja, voire du tournesol.
Cette idée de se passer de pétrole en utilisant des cultures illustre à merveille la difficulté de revenir à la situation énergétique "d'avant le pétrole" (donc avec juste des énergies renouvelables, au premier chef desquelles la biomasse) tout en conservant les acquis de la civilisation du pétrole, à savoir 1,2 milliard de voitures de plus d'une tonne sur terre, plus de 20.000 avions de ligne, sans compter les bateaux, tracteurs, engins de mine, poids lourds, et j'en passe.
Car des combustibles issus de la végétation, tout le monde en veut pour se passer d'or noir. Le secteur aérien compte très fort sur les "sustainable aviation fuels", largement dérivés de la biomasse, pendant que les gaziers comptent sur le "gaz vert", lui aussi issu de la biomasse (par fermentation), et que les constructeurs et utilisateurs de voitures comptent sur les "bio" (en fait agro) carburants.
Dans cette courte chronique diffusée Samedi dernier sur RTL, je propose un petit calcul d'ordre de grandeur pour expliquer pourquoi ces carburants resteront marginaux dans un monde consommant 4 milliards de tonnes de pétrole par an.
Par contre, plus nous voudrons mettre de dérivés de la biomasse dans nos moteurs, centrales électriques et chaudières, et moins il restera de surfaces disponibles pour nous nourrir, faire pousser des matériaux (bois, fibres, matières premières pour la chimie organique), et héberger la biodiversité.
Et, en cette période de prix très élevés pour les céréales, il faut rappeler que si nous avions accepté de diminuer la consommation des voitures de 20% (en les faisant plus petites et moins puissantes), nous n'aurions pas besoin donner une partie de nos cultures à manger à ces animaux à 4 roues, et la situation serait moins tendue pour ceux qui ont juste faim. Et plus le temps passera, et plus ce dilemme augmentera.