jancovici-updates/true_content/posts/2022/06/change-me-237.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-06-21T07:10:31'
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title: CHANGE_ME 237
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"Les banques sont le reflet de l'économie d'aujourd'hui. Si cette économie est brune, alors le bilan des banques sera brun.". Ainsi se termine cette analyse d'un journaliste des Echos, Gabriel Nedelec, dans l'édition du journal datée d'hier.
De fait, c'est aussi la thèse d'Alain Grandjean et Julien Lefournier dans "L'illusion de la finance verte" (https://lnkd.in/dRS9vNZ ), où les auteurs expliquent pourquoi les grandes banques (le raisonnement est moins vrai pour de petits établissements), qui prêtent à tout le monde et achètent les actions émises par tout le monde, ne peuvent se différencier de l'économie dans son ensemble.
Si cette dernière nous emmène vers un monde à 3 ou 4 degrés de réchauffement, alors les grandes banques ne peuvent être 2°C ou 1,5 °C (ou "neutres en carbone"). Il n'y a en effet pas assez de morceaux "propres" de l'économie qui pourraient accueillir la totalité des prêts et investissements figurant au bilan de ces banques. Lorsque l'on fait 1000 à 2000 milliards d'euros de total de bilan (cas de BNPP, BPCE, Crédit Agricole, ou Société Générale) il n'est pas possible de limiter son activité à des entreprises qui sont "alignées 2°C", c'est à dire en pratique capables de rester en "bonne santé économique" dans un monde où les émissions baissent de 5% par an. Il faut nécessairement prêter à des entreprises ou états "pas alignés" quand on manie de telles sommes d'argent.
Il n'est donc pas étonnant que de plus en plus d'établissements se fassent reprocher de raconter des carabistouilles par des régulateurs, au motif que les affirmations de compatibilité de leurs produits financiers avec une économie bas carbone ne sont pas fondées.
Le noeud de l'affaire est la méthode employée. Si on oublie de payer la TVA dans une entreprise, il est plus facile de dire qu'elle est bénéficiaire. De même, il est plus facile de dire que l'on est compatible avec une économie bas carbone si le périmètre de ce qui est examiné est trop restreint, ou si les seuils utilisés sont trop bas.
Ce n'est pas qu'une question de "cesser de financer le pétrole". Financer la marine marchande, une chaîne de valeur mondialisée, ou un hypermarché, c'est aussi indirectement "financer le pétrole" aujourd'hui. La première étape pour les banques est déjà de bien comprendre "à quelles distance elles sont du problème". Cela demande un gros effort de formation sur la compréhension de la nature du problème énergie climat pour l'ensemble des effectifs, et le déploiement d'une métrique carbone appropriée applicable à chaque opération unitaire (ce qui coute 5% à 10% de la dépense informatique). C'est avant tout de ne pas faire cela que l'on peut légitimement reprocher aux banques.