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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-09-13T07:13:40'
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title: CHANGE_ME 150
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Depuis que le monde financier s'est emparé de la question climatique, l'indicateur le plus souvent utilisé pour savoir si ses acteurs sont "du bon côté de la barrière" est de mesurer le caractère "compatible ou pas avec la décarbonation" des activités des entreprises ou états dont l'acteur financier détient des actions ou obligations, ou auxquels il accorde des crédits.
Les méthodes utilisées pour répondre à la question sont multiples, mais sur le principe même on peut se demander en quoi une banque contribue plus à la transition si elle cède à un tiers des actions d'une entreprise "trop carbonée", ou si elle ne lui prête pas mais qu'une autre banque le fait. En pareil cas, l'activité de l'entreprise ne change pas : il y a juste changement de propriétaire d'une action ou d'un prêt. Du coup les émissions mondiales ne changent pas non plus : elles sont juste allouées à des entités différentes.
En outre, avec la quantité totale d'argent à placer dans le monde (l'épargne par capitalisation des futurs retraités, et l'épargne financière autre), il n'existe pas assez d'activités "réellement bien placées" pour que les financiers deviennent tous "verts". C'est pour cela que chaque acteur fait un peu de "vert" dans un ensemble qui reste de la couleur de l'économie globale.
Mais le monde financier, et en particulier les banques, peut aller plus loin. Il peut influer sur l'activité de l'entreprise en conditionnant les modalités de mise à disposition de son argent aux performances climat - ou sur un autre critère - de ladite entreprise. C'est le principe du "prêt à impact". On peut envisager deux modalités :
- le taux d'intérêt est fonction des performances de l'entreprise sur un critère extra-financier. Par exemple si on prête à un fabriquant de vélos électriques, plus il vend à des gens qui mettent leur voiture à la casse pour se déplacer à vélo (donc plus il évite d'émissions) et plus le taux est bas
- le capital restant du devient immédiatement exigible si un critère cesse d'être respecté. Par exemple, si un aciériste emprunte de l'argent pour baisser ses émissions, et ces dernières ne baissent pas au rythme promis, alors l'argent prêté doit être immédiatement remboursé.
Dans les deux cas de figure ci-dessus, on voit bien que les modalités du prêt poussent spontanément l'entreprise à contribuer - soit sur son empreinte carbone propre, soit sur ses émissions évitées - à la baisse des émissions humaines.
Pour avoir des banques réellement actrices de la transition, le sens de l'histoire est donc probablement que le taux variable ou le critère de remboursement anticipé - basés sur le respect d'un critère carbone pertinent - deviennent la règle pour les prêts. Pour les actions, il sera probablement plus difficile de "trouver quelque chose".
Là comme ailleurs c'est le passage à l'échelle qui attestera de l'ampleur de l'effort. Et effort titanesque il doit y avoir si les émissions mondiales doivent devenir nulles d'ici quelques décennies !