jancovici-updates/true_content/posts/2022/10/change-me-103.md

27 lines
3.2 KiB
Markdown
Raw Normal View History

2023-02-19 10:56:01 +00:00
---
date: '2022-10-31T11:16:38'
li-id: 6992806535496105985
li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_bruno-le-maire-arr%C3%AAtons-de-claquer-de-largent-activity-6992806535496105985-IAGU
title: CHANGE_ME 103
---
Faites ce que je dis, pas ce que je fais ! Après avoir abondamment subventionné carburants et gaz (importés en quasi-totalité puisque la France ne produit aucun gaz et 1% de son pétrole), voici que notre ministre de l'économie déclare sur BFM... que ce n'est pas une bonne idée.
De fait, cela fait très longtemps que nous savons que de subventionner les combustibles fossiles a quelques petits inconvénients :
- cela vide les caisses de l'Etat, qui du coup ne peuvent pas être vidées une deuxième fois pour financer ce qui permettrait précisément de nous décarboner (voir https://lnkd.in/esiqHkbf )
- cela maintient la dépendance à ces combustibles alors qu'il faut s'en passer
- cela apauvrit le pays, en transférant massivement de l'argent depuis la France vers les fournisseurs de pétrole et de gaz.
Question : pourquoi, alors, le faisons nous ? On pourrait y rajouter une autre question : pourquoi les gilets jaunes apparaissent quand le prix augmente par la fiscalité (avec l'argent qui reste en France), et non quand le prix de marché augmente (avec l'argent qui quitte le pays) ?
Tentons quelques explications :
- La promesse politique est faite sans crise. Du coup il n'y a pas de plan B prêt pour... lesdites crises, pourtant prévisibles pour partie, plan B que l'on aurait pensé et communiqué à la population à l'avance (le dispositif Ecowatt est un exemple, et il est possible de généraliser cela à toutes les énergies)
- les modifications structurelles défavorables sont vues comme des crises transitoires. Du coup on enclenche un dispositif de soutien en se persuadant qu'il sera bref... donc indolore.
- au moment où le prix de marché augmente de manière "imprévue" (si le marché était prévisible, ca se saurait :) ), le pouvoir d'achat baisse. Or en démocratie le court terme prime. L'arbitrage se fait donc de manière quasi-automatique en faveur de la subvention (qui règle le court terme) et au détriment du reste (qui porte sur des horizons de temps plus longs), et la couleur politique n'y change pas grand chose. LFI comme le RN et LR étaient favorables à une subvention sur le prix des carburants lors de la dernière campagne présidentielle.
Pour en sortir, il faut accepter que de toute façon l'abondance pétrolière va diminuer (et donc aller aux formations où cela est expliqué :) ), apprendre ensuite à faire la pédagogie du problème, et enfin discuter de manière adulte avec une population qui peut très bien comprendre que de s'organiser autrement sera impératif.
Ceci rejoint la réponse à la question de la différence de réaction à la taxe et la hausse de prix de marché : dans le premier cas l'argent va à une puissance publique à qui nous ne faisons pas confiance, alors que dans le 2ème nous sommes dans la fatalité que nous acceptons. Peut-être que de mettre un peu plus de fatalité pertinente (et un peu moins de promesses intenables) dans le discours de la puisance publique aiderait à avancer...