jancovici-updates/true_content/posts/2022/11/change-me-101.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-11-02T10:33:01'
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title: CHANGE_ME 101
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Nous sommes ici... sur un réseau social. Et une des caractéristiques de ce réseau est que chacun va trouver sur son "fil" d'actualité des informations qui, pour l'essentiel, sont en accord avec sa vision du monde et non l'inverse.
Il m'est assez facile de le constater pour mes propres publications : les réactions sont toujours très majoritairement positives (ou les commentaires négatifs toujours très minoritaires, ce qui revient au même). Il y a certes quelques exceptions, par exemple sur les publications des personnages politiques, où les commentaires négatifs peuvent être dominants, mais c'est parce que... nous trouvons agréable de lire les publications de ces auteurs pour pouvoir les critiquer ensuite !
Pourquoi est-ce que, sur tout réseau, nous avons essentiellement des informations qui nous maintiennent dans notre zone de confort ? Parce que ces réseaux sociaux sont structurés par des algorithmes qui vont analyser nos réactions (temps de lecture, "like", etc), en déduire ce qui nous plait, et de là nous proposer le plus possible la même chose.
Car le métier de ces réseaux n'est pas de nous informer : il est de proposer du "temps de cerveau disponible" à leurs vrais clients, ceux qui payent, qui sont les annonceurs (dont les utilisateurs de comptes premium ici sont une variante).
De cette observation est né le livre d'Arthur Grimonpont dont j'ai accepté de faire la préface. Ce n'est pas à cause de mes souvenirs d'algorithmique (j'en ai fait un peu quand j'étais jeune !) que l'on m'a demandé cette contribution !
Par contre, s'informer sur la question des limites planétaires - qui concernent tout le monde, que cela nous plaise ou pas - n'est pas spécialement une opération qui nous maintient dans notre zone de confort. Et la place désormais occupée par les réseaux sociaux - quelques sociétés seulement qui "informent" quotidiennement des milliards d'individus - fait de ces entités des acteurs dominants dans la diffusion de l'information désormais.
Du coup, comment marier leur intérêt - ne pas nous faire fuir - et l'accès de l'essentiel de la population à une information qui, lorsqu'elle est factuelle, n'est pas spécialement agréable ? (ce qui explique pourquoi les fake news se propagent plus vite : elles nous laissent dans notre zone de confort...). C'est toute la question de l'ouvrage.
Normalement cette préface n'est disponible que pour les personnes qui voudront bien acheter cet ouvrage fort onéreux (22 euros !). Mais j'espère que ni l'éditeur ni l'auteur ne m'en voudront de la rendre publique pour au contraire inciter à lire le reste, qui décortique par le menu le mécanisme effleuré dans ce post.
L'ambition - salutaire - de l'auteur est évidemment de nous amener à prendre du recul vis-à-vis de ces plates-formes. Le "principe de précaution" porte ici un double nom : la curiosité, et la compréhension des mécanismes d'élaboration de l'information.