jancovici-updates/true_content/posts/2022/12/change-me-52.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2022-12-23T11:17:39'
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title: CHANGE_ME 52
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Certain(e)s d'entre vous se sont peut-être demandés un jour d'où sortait l'abaissement de la part du nucléaire à 50% de la production électrique (initialement en 2025 quand Hollande est élu président, en 2012) figurant dans la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte de 2015.
Cette audition de François Brottes (ancien président de la Commission des Affaires Economiques à l'Assemblée au moment de la discussion et du vote de cette loi, ancien président de RTE) donne la réponse. Cet objectif découle uniquement d'un "jugement de Salomon" rendu dans l'alliance Verts-PS de 2011, entre ceux qui voulaient un objectif de sortie complète du nucléaire, et ceux qui voulaient en garder autant. La négociation a débouché sur ces 50% médians, censés contenter à peu près tout le monde.
Mais Brottes dit dans la même audition que, devenu président de RTE, il n'aura eu de cesse d'expliquer au gouvernement que cet objectif de 50% en 2025, qu'il a fait voter comme artisan de la LTCEV, n'était pas réaliste ! Il dit aussi qu'il regrette de ne pas avoir pris l'avis de RTE avant de faire voter la loi... comme quoi de temps en temps écouter les gens du métier avant de décider plutôt qu'après n'est pas nécessairement une mauvaise idée.
Brottes insiste beaucoup sur le fait que la baisse du nucléaire était nécessaire pour "développer les ENR", et que cela a été "un succès". Mais la question ne lui est pas posée de savoir pourquoi taper sur le nucléaire était un prérequis pour augmenter les ENR, ni pourquoi il était pertinent de remplacer une production électrique sans combustion par une autre, sachant que les éoliennes et panneaux solaires (et le réseau à développer, ce qu'indique aussi Brottes) ne sont ni plus ni moins renouvelables que les centrales nucléaires (et pas nécessairement moins risqués).
On apprend aussi qu'un réseau avec beaucoup de dispositifs de production répartis demande de l'électronique partout, alors que les réseaux électriques "descendants" et les réacteurs nucléaires peuvent fonctionner de manière analogique. Personne n'a demandé si cela était gênant ou pas pour la souveraineté énergétique.
Brottes explique aussi qu'il a été à l'origine de l'arenh, qui a été une manière d'éviter la scission du parc nucléaire entre deux exploitants (autre manière de supprimer le monopole, ce qui était l'objectif européen).
En fait le mal originel a été de faire de l'électricité un produit "ordinaire", comme des chaussettes ou des yaourts, devant donc faire l'objet d'un marché "ordinaire", au passage sans monopole d'aucune sorte. Une fois cette décision prise, il n'y avait que de mauvaises manières de s'en sortir...
Dans l'ensemble il faut s'armer de patience pour dénicher les faits intéressants dans cette audition, assez "louvoyante" et où l'absence de réponse claire à la question posée est plus la règle que l'exception. Mais la compréhension est parfois à ce prix !