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date: '2022-12-13T08:16:06'
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li-id: 7008343783905845248
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li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_voitures-v%C3%A9los-smartphones-leurope-va-activity-7008343783905845248-Dppi
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title: CHANGE_ME 61
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Dans le débat sur la manière de décarboner l'industrie européenne, un argument est souvent mis en avant par les adversaires de la taxe carbone : elle créerait une distorsion de concurrence avec les industriels étrangers, qui n'y seraient pas soumis.
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Cet argument est de fait souvent recevable (pas toujours : sur les pondéreux qui voyagent peu, par exemple le ciment, le risque de "fuites" aux frontières est limité). Il y a une autre manière de faire, que l'Europe vient de décider à propos des batteries : limiter l'empreinte carbone d'un produit ou service.
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De fait, pour une voiture électrique, la fabrication de la batterie engendre la moitié des émissions de fabrication de l'ensemble. Cela n'empêche pas un véhicule électrique d'être, sur sa durée de vie, significativement moins émissif qu'un véhicule à pétrole de taille et puissance équivalentes pour beaucoup de pays européens, mais diminuer l'empreinte carbone de la batterie reste un objectif important pour baisser le contenu carbone d'un véhicule électrique.
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La législation européenne qui vient d'être décidée, dont je confesse ne pas encore avoir regardé les détails, est donc pertinente. Il n'échappera à personne que cette réglementation est aussi une arme anti-importation et pro-filière européenne. En effet, la fabrication d'une batterie est un processus assez gourmand en électricité et en énergie fossile "en direct". Pas juste pour l'assemblage final des packs de cellules (qui est négligeable dans l'ensemble de l'empreinte carbone), mais pour les étapes amont : extraction des minerais, raffinage des divers métaux (nickel, cobalt, lithium, cuivre), fabrication des principes actifs des composants (anode, cathode, électrolyte), et fabrication des cellules.
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Pour décarboner significativement la fabrication d'une batterie, il faudra donc non seulement des usines d'assemblage (les fameuses "gigafactories"), mais surtout rapatrier en Europe - et préférentiellement dans les pays à électricité peu carbonée, à supposer que l'on en ait assez :) - la fraction maximale des étapes qui vont juste à l'aval de la mine (sachant que la mine sera difficile à rapatrier en Europe !) : raffinage des métaux, principes actifs, et cellules.
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C'est bien ce mouvement que l'Europe cherche à enclencher avec le règlement européen adopté (rappelons qu'un règlement est d'application directe dans les états membres et n'a pas besoin de transposition par les parlements nationaux comme une directive). Reste à ce que la physique soit d'accord (pour avoir assez d'électricité décarbonée pour faire ET des batteries ET de l'hydrogène ET de la mobilité ET alimenter des pompes à chaleur ET électrifier d'autres industries...) et que l'industrie soit d'accord pour investir.
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Il y aura aussi un débat à avoir sur l'usage de ces batteries : avec de quoi électrifier un "tank électrique" de plus de 2 tonnes on peut motoriser 200 vélos électriques. A l'heure de la raréfaction des ressources ce débat là est aussi essentiel.
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