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date: '2023-01-30T22:11:54'
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li-id: 7025948734551117824
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li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_a-ivry-sur-seine-l%C3%A9coquartier-gagarine-truillot-activity-7025948734551117824-3zMv
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title: CHANGE_ME 17
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La commune d'Ivry sur Seine, qui fait partie de la proche banlieue sud de Paris, démarre une opération d'aménagement qui comportera 1400 logements (hébergeant donc environ 3000 personnes si l'on compte 2,2 personnes par logement). Mais il y aura aussi 2,3 hectares d'agriculture urbaine, permettant aux élus de qualifier ce nouveau quartier "d'agrocité". Est-ce que l'alimentation des habitants du lieu va vraiment significativement changer avec l'arrivée d'une surface agricole à proximité ?
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En 2015 (la valeur est du même ordre de grandeur aujourd'hui), la planète offrait à chaque terrien 0,6 hectare de terre agricole (voir graphique en commentaire). Avec 2,3 hectares, on nourrit donc... 4 personnes. Certes, on ne va pas avoir sur cette parcelle à la fois des poireaux, des patates, du blé, une vache, des pommiers, des poules et du maïs pour nourrir en totalité 4 personnes pendant que les autres habitants n'en verront rien.
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Mais, quoi que l'on y mette, cela permettra d'éviter 1 pour mille des flux logistiques associés à la nourriture des habitants du futur quartier. Dire dans l'article que cette opération va contribuer de manière discernable à une "logique de circuits courts" est donc un tout petit peu survendre l'affaire !
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Est-ce à dire que ce genre de chose ne sert à rien ? Pas nécessairement :
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- cela aère l'espace
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- cela peut permettre à des enfants (voire des adultes) de découvrir ce qu'est un mouton ou un plant de pomme de terre
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- cela peut permettre de rappeler qu'une ville n'existe pas sans cultures pour la nourrir, et que le changement climatique met donc en danger les villes par cet aspect là aussi.
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Mais, tant qu'à laisser un espace non bâti dans une ville, on peut aussi y mettre des arbres (qui apaisent les habitants et qui évitent un peu l'effet ilot de chaleur) et/ou un espace (non imperméabilisé) pour que les enfants aillent se défouler, chose qui est plus difficile quand on doit éviter de piétiner des plants de salade ou de faire peur aux poules.
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Un tel espace ne peut donc avoir qu'une vertu pédagogique ou récréative, mais, malheureusement, rien de plus. Par définition même, une ville est une concentration d'individus qui se mettent au même endroit, en pratique pour échanger et coopérer plus facilement, et par construction même c'est donc la création d'un déséquilibre entre la production alimentaire locale et les bouches à nourrir.
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Une ville doit donc fatalement importer sa nourriture (et tout le reste : vêtements, matériaux de construction, objets pour le logement, etc) d'ailleurs, et plus une ville est grosse plus ses "tentacules logistiques" doivent aller chercher loin. C'est pour cela que dans un monde sobre en énergie les grosses villes vont avoir du mal à survivre : il leur faudra un hinterland bien plus important que ce que les possibilités de transport pourront alors fournir.
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De ce fait, aucune "agrocité" ne pourra, hélas, être autre chose qu'une cité ordinaire avec une appellation vendeuse.
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