jancovici-updates/true_content/posts/2023/01/change-me-26.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2023-01-20T09:25:05'
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title: CHANGE_ME 26
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Dans le premier chapitre de "Dormez tranquilles jusqu'en 2100", j'avais fait remarquer que la "crise des subprime" avait suivi 3 ans de stagnation de la production de pétrole accompagnée d'une envolée de son prix, et que la décélération du PIB américain avait précédé la crise financière et non l'avait suivie.
J'en avais tiré l'hypothèse que cette crise financière était un symptôme - comme la crise de 1973 - d'une rupture de pente sur l'approvisionnement pétrolier occidental. En 1973, le monde industriel - essentiellement composé de l'OCDE à une époque où les BRICS ne pesaient vraiment pas lourd dans l'économie mondiale - avait vu la hausse de son approvisionnement pétrolier passer brutalement de 8% par an à une stagnation puis une hausse beaucoup plus modeste (légèrement supérieure à 1% par an).
Cela avait mis un très gros coup de frein à la croissance économique, et déclenché le début d'un phénomène qui n'a fait que prendre de l'ampleur depuis : l'endettement.
Dans un article beaucoup plus fouillé sur le plan économique que ce que j'avais écrit à l'époque, Matthieu Auzanneau (par ailleurs directeur du Shift Project dans le civil :) ) revient sur cette "crise des subprime" et documente pourquoi, selon lui, elle est doublement déterminée par un problème d'approvisionnement pétrolier.
Le premier facteur déclencheur est le choc de 1973, qui a ralenti la croissance et engendré une augmentation constante des dettes dans les économies occidentales après 1973. Ce que soutient Matthieu Auzanneau - et beaucoup d'autres spécialistes du pétrole avec lui - est que le choc de 1973 est une conséquence directe du pic pétrolier conventionnel américain de 1970, à une époque où les USA produisaient un quart de l'or noir mondial (à la même époque l'URSS c'est 15% et l'Arabie Saoudite c'est 8%).
Le deuxième facteur déclencheur est le pic pétrolier conventionnel mondial en 2008. C'est sur cet épisode qu'il s'attarde dans son analyse, qui est convergente avec celle d'autres spécialistes du lien entre pétrole et économie, comme par exemple Michel LEPETIT (chercheur associé au Laboratoire interdisciplinaire des énergies de demain - https://bit.ly/3XLS5Yk ).
Matthieu Auzanneau passe par une observation de l'évolution de l'inflation, du taux directeur de la banque centrale, ou encore du déficit commercial, qu'il relie de manière argumentée à l'évolution de la production de pétrole.
Dans un travail fouillé du Shift Project publié il y a un an (https://bit.ly/3R8e1uV ), nous avions souligné que les 16 principaux producteurs de pétrole de la planète étaient probablement passés par leur pic de production en 2018.
Si les mêmes causes produisent les mêmes effets à l'avenir, cela signifie que le paysage économique et financier de demain pourrait bien être plus proche de la collection de chocs et de crises qu'un "retour à la normale", et ce quelles que soient nos aspirations sur les retraites...