jancovici-updates/true_content/posts/2023/01/change-me-36.md

22 lines
2.9 KiB
Markdown
Raw Normal View History

2023-02-19 10:56:01 +00:00
---
date: '2023-01-09T20:15:58'
li-id: 7018309415040647168
li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_les-prix-de-l%C3%A9nergie-ils-montent-ils-activity-7018309415040647168-bt9d
title: CHANGE_ME 36
---
Les prix de l'énergie ? Ils montent, ils descendent... mais, depuis les chocs pétroliers, la part des dépenses énergétiques dans les budgets des ménages est restée très stable. Il faudra voir si 2022 nous rapproche de 1974, car les données ne sont pas encore disponibles au ministère de la transition énergétique, d'où sont issus ces chiffres (et plus précisément de https://lnkd.in/eXsAPG2k ).
Donner à manger et à boire à nos 1000 esclaves énergétiques planqués sous le capot de la voiture, à ceux qui peuplent cuisines et salles de bains, à ceux qui, dans la cave, assurent le chaud et parfois le froid, et encore à ceux qui nous éclairent ou nous permettent de communiquer coute donc un peu moins de 10% de ce que nous gagnons.
Bien sur, cette facture n'inclut pas les esclaves énergétiques des usines et des transports de marchandises, mais avouez que, quand même, pour le service rendu, c'est donné !
Et, depuis 1970, où l'énergie coutait aussi 8% de ce que gagnaient nos parents ou grands-parents, l'armée d'esclaves mécaniques n'a cessé de grossir : à l'époque, pour 8% t'avais presque rien. Il y avait quasiment 3 fois moins de voitures, peu d'électroménager, pas de chauffage central partout, peu de télévisions, et bien évidemment pas d'internet ou de box TV.
A l'avenir, nous allons devoir devenir sobres. Est-ce à dire qu'avec une consommation divisée par 2 ou 3, la part de l'énergie dans le budget sera divisée par le même facteur ? Notre logique de dépenses étant généralement budgétaire (on épargne ce que l'on doit épargner et on dépense tout le reste), il n'est pas évident de comprendre pourquoi on se mettrait tout d'un coup à consommer beaucoup moins alors que nous en aurions les moyens.
Si notre facture d'énergie nous coute moins cher parce que nous économisons de l'énergie, qu'allons nous faire du surplus ? Jusqu'à maintenant la réponse a été de consommer autre chose en plus... et donc de consommer un peu plus d'une autre énergie (celle pour la mise à disposition de ce que nous allons consommer en plus).
La même question se pose aussi pour toute l'énergie "incluse" dans les produits ou services de la consommation finale : jusqu'à maintenant nous avons utilisé les marges de manoeuvre budgétaires dégagées par la baisse du prix d'un produit ou service pour consommer plus d'autre chose.
Savoir si nous pouvons devenir sobres sans hausse des prix réels - ce qui est le but même de la taxe carbone - est donc une vraie question. Au regard du climat, l'inflation est-elle une calamité ou une bénédiction ? Pour le moment il existe peu de propositions probantes mariant "défense du pouvoir d'achat" et baisse rapide des émissions...