jancovici-updates/true_content/posts/2023/01/change-me-43.md

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2023-02-19 10:56:01 +00:00
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date: '2023-01-02T18:51:56'
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title: CHANGE_ME 43
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De mémoire (car je n'ai plus la référence en tête), un professeur d'université suisse a (ou avait avant covid) une empreinte carbone liée à sa profession d'environ 10 tonnes de CO2 par an. En cause : essentiellement les voyages en avion associés aux colloques qui deviennent l'ordinaire des universitaires quand ils se sont fait un nom dans leur spécialité.
L'étude qui donnait ce résultat indiquait également que cette empreinte carbone "aérienne" était croissante avec le statut : elle démarrait à une tonne pour un doctorat ou post-doctorant (ma mémoire me fait défaut sur ce point précis) pour finir à 10 tonnes en haut de l'échelle (qui en Suisse s'appelle "professeur ordinaire" !).
C'est donc une initiative intéressante que celle de lUniversité dUtrecht, aux Pays-Bas, qui, apparemment, va interdire à son personnel de prendre l'avion sur des distances inférieures à 700 km.
L'Université de Neufchâtel, elle, demande à ce que l'avion ne soit utilisé que si il n'y a pas d'alternative en train de moins de 10 heures. Notre gouvernement fait pâle figure avec ses 2h30 et l'exclusion d'un grand nombre de liaisons du dispositif !
Cette initiative commence évidemment par le plus facile, parce que, même si 10 heures c'est long, ca reste gérable sur une journée, et par ailleurs dans un train un chercheur peut travailler. Certes si son métier est de faire des manips sur des plantes ou des tests de résistance des matériaux il va avoir du mal à le faire en se déplaçant, mais rien ne l'empêche de traiter son courrier, rédiger des comptes-rendus, en lire d'autres....
Malheureusement, dans les vols aériens, ce qui émet beaucoup ce sont les long-courrier : en gros, les émissions d'un vol sont proportionnelles au kilométrage (pas tout à fait parce que le décollage consomme proportionnellement plus, mais en première approximation on peut retenir ca).
Et pour les long-courrier l'alternative devient moins confortable. Le train pour traverser la Russie ou les USA c'est plusieurs jours d'affilée, et le bateau pour traverser l'Atlantique une semaine. Réduire les long courrier, qui est donc une mesure "forte" pour diminuer l'empreinte carbone de la recherche, signifie en pratique réduire les colloques, ou les passer en visioconférence (ca va faire grincer quelques dents !).
Il n'empêche que la recherche, comme le reste de nos activités, devra fatalement évoluer un jour ou l'autre dans un monde où la mobilité longue distance sera moins facile. Il serait souhaitable que tout nouveau projet qui démarre soit compatible, à la fois sur le fond et sur le mode opératoire du projet, avec ce cahier des charges.