--- date: '2021-10-07T07:04:52' li-id: 6851774296843399168 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_la-s%C3%A9curit%C3%A9-alimentaire-%C3%A0-l%C3%A9preuve-du-d%C3%A9r%C3%A8glement-activity-6851774296843399168-WC9Q title: CHANGE_ME 564 --- "La flambée des cours du blé [en 2010] a participé au soulèvement des printemps arabes, un événement qui a déstabilisé toute la région" est-il écrit dans cet article des Echos, qui rappelle que la dérive climatique ne sera pas une bonne affaire pour les rendements agricoles, et qu'une situation de disette ou d'inflation alimentaire féroce est un déstabilisant politique majeur. Incidemment c'était le thème central d'une conférence intitulée "de Daesh à la COP 21" que j'avais faite à l'ESPCI en 2015 (https://lnkd.in/gaY7nrE ). Seule information qui me semble discutable dans cet article : écrire que "(...) un réchauffement non maîtrisé peut entraîner une baisse de 30 % des rendements agricoles. La population mondiale est, elle, vouée à augmenter encore, si bien que les prix des céréales pourraient grimper de quasiment 30 % d'ici à 2050, selon les modèles économiques du GIEC (...)". Evaluer une baisse de rendement des cultures est un exercice difficile, mais qui relève essentiellement de la biologie et de la physique. Une fois que l'évolution des conditions climatiques (températures, précipitations, humidité des sols, etc) est à peu près cernée - et d'ici à 2050 elle est raisonnablement indépendante de nos émissions à cause de l'inertie du système - il est possible d'évaluer comment les plantes cultivées - dont le comportement en fonction des conditions est observé expérimentalement - vont y résister ou pas. Disserter sur l'évolution des rendements reste donc un exercice qui a du sens (et les informations sur ce thème font partie de ce qui est publié par le groupe 2 du GIEC, qui traite des impacts du changement climatique). Mais disserter sur des prix à 30 ans, là il me semble que nous nous rapprochons un peu trop de l'art divinatoire pour que cela mérite d'être mentionné dans un article. "mais c'est le GIEC" ! Oui, mais le groupe 3, celui qui rend compte des travaux d'économistes sur la question. Ses conclusions n'ont pas de force plus probante que la matière première qui est publiée dans les revues d'économie : en matière de prévision de prix à 30 ans, ca ou rien, c'est pareil :). La conclusion qu'il faut garder en tête, c'est qu'un défaut de production de 30% c'est des pans entiers de la population qui vont fortement remuer, avec des migrations qui déstabiliseront les régimes politiques au-delà de ce que l'on peut imaginer. Ecrire que ce problème se réduit à une prévision - aussi peu inquiétante qu'elle est impossible à faire - sur les prix est nous rendre un mauvais service.