--- date: '2021-11-13T12:32:19' li-id: 6865265054388887552 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_cop26-comment-lasie-tente-de-vaincre-son-activity-6865265054388887552-i2rZ title: CHANGE_ME 502 --- Pendant longtemps le charbon a été considéré, à tort, comme une énergie du passé dans le discours public hexagonal. Cela était en fait plutôt logique si l'on se basait sur le cas de la France, où la dernière mine a été fermée en 2004, après une production qui a culminé à la fin des années 1950. Mais cela n'a jamais été le cas pour l'humanité dans son ensemble, puisque la production mondiale a augmenté de 60% entre 2000 et 2019 (en 2020 elle a baissé). Ce phénomène a essentiellement pris place en Asie (qui utilise les 3/4 du charbon mondial), et plus encore en Chine, qui consomme à elle seule la moitié de ce combustible solide (qui provient pour l'essentiel de ses mines, mais la Chine est aussi le premier importateur mondial de charbon, aux 2/3 en provenance d'Australie et d'Indonésie). Même si cela n'a toujours pas permis d'inverser la tendance, il faut au moins saluer le fait que désormais la presse a remis cette énergie à sa juste place, c'est à dire au centre du système électrique mondial (plus d'un tiers de la production électrique). Ce combustible est aussi au centre de nos émissions de CO2, que ce soit dans les émissions annuelles (il contribue actuellement à plus d'émissions que le pétrole) ou en vision cumulée depuis 1860 (où il arrive juste devant... la déforestation). Il est enfin au centre de la hausse des émissions, puisque de 2000 à 2020 les émissions de CO2 dues au charbon ont augmenté - en valeur absolue - deux fois plus que celles du suiveur immédiat, le gaz (dont les émissions ont par ailleurs augmenté de 60% dans le monde). Petit problème : une centrale à charbon vit 40 ans. Donc si nous voulons viser la neutralité mondiale en 2050, non seulement il ne faut plus ouvrir une seule centrale à charbon aujourd'hui, mais nous avons 30 ans pour envoyer à la ferraille toutes celles qui existent. Ces dernières représentent une puissance installée de plus de 2000 GW, soit environ un tiers de la puissance électrique mondiale. Sachant que le monde moderne est incapable de se passer d'électricité pour fonctionner "normalement" (sans électrons, adieu argent, communications, justice, forces de l'ordre, fonctionnement des bâtiments et des transports, et j'en passe) et que l'immédiat prime toujours sur l'avenir, il va falloir plus que des déclarations d'intention pour arriver à s'en débarrasser dans les délais. Et nous n'avons aucune chance d'y arriver dans les délais en nous bouchant le nez sur le nucléaire. En prenant position contre la possibilité de développer en Europe une filière nucléaire vigoureuse, l'Allemagne, le Luxembourg, l'Autriche, le Danemark, et le Portugal (https://lnkd.in/dd7N9heR ) viennent de se faire avant tout les alliés du charbon, et non avant tout des ENR. Ne nous y trompons pas.