--- date: '2022-02-23T11:00:29' li-id: 6902205507491151872 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_green-investing-the-risk-of-a-new-mis-selling-activity-6902205507491151872-AAuw title: CHANGE_ME 372 --- Le Financial Times publie un article (qui occupe une pleine page dans l'édition papier) sur le fait que les produits financiers dits "verts" pourraient faire de plus en plus l'objet de procédures pour fraude (ou quelque chose d'équivalent), parce que leur caractéristique "verte" n'est pas comprise de la même manière par le vendeur et l'acheteur, le premier en ayant une compréhension plus "accommodante" que le second. Et, du coup, lorsque le second se rend compte qu'il n'a pas acheté ce qu'il croyait acheter, il pourrait demander réparation, quand bien même il n'a subi aucune perte financière. Ca serait au fond une espèce de réparation d'un préjudice moral. Il se pourrait donc que les juges confèrent un caractère plus contraignant à cette affirmation de verdeur que ce que les concepteur de ces produits ont en tête, ces derniers considérant un peu trop souvent que l'important est de dire que l'on est vert et moins la réalité de ce qui est fait. De fait, dans le monde financier, le côté "vert" est aujourd'hui l'objet de définitions où chacun voit facilement midi à sa porte. Si le droit devient le juge de paix (c'est le cas de le dire), quelle pourrait être l'interprétation de ce qui est "durable" ? La Palisse nous dit que cela signifie une activité capable de durer (!), et au niveau du climat, dit un avocat, cela signifiera "aligné avec l'accord de Paris". En pratique, il faudra donc une méthode opposable et partagée qui permette de comprendre si un produit financier est effectivement capable de résister à une baisse de 5% des émissions planétaires tous les ans (car c'est cela "aligné avec l'accord de Paris"). Il sera intéressant de voir si des tribunaux sont capables d'aller à ce niveau de technicité, et ce qu'il en sort. Mais ce qui est sur, c'est que le risque existe pour des acteurs du monde financier de se faire prendre la main dans le pot de peinture verte, car la pratique actuelle est trop souvent basée sur des fondements théoriques plus que discutables. Ce qui est suggéré dans cet article, c'est que la seule affirmation qui soit valable est de dire que "tel produit est mieux placé que tel autre en ce qui concerne le climat" (ce qui, soit dit en passant, est exactement la philosophie des méthodes utilisées au sein de Carbon 4 Finance). Mais cela n'autorise pas à dire que le produit en question est vert.