--- date: '2022-03-01T06:46:38' li-id: 6904315948187078656 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_coinc%C3%A9-entre-un-char-russe-et-un-sondage-activity-6904315948187078656-rU0G title: CHANGE_ME 365 --- Coincé entre un char russe et un sondage électoral, le rapport du groupe 2 du GIEC sur les conséquences (déjà observables, et, beaucoup plus important, à venir) de la dérive climatique est sorti hier : https://lnkd.in/eA84Bxzq Rappelons que le GIEC a pour mandat de faire état de ce qui a été publié dans la littérature à comité de lecture et rien d'autre. Il est subdivisé en 3 groupes qui portent sur : - les mécanismes physiques, chimiques et biologiques du changement climatique induit par les activités humaines (groupe 1) - les conséquences de ce changement climatique (groupe 2) - les marges de manoeuvre (groupe 3). Le groupe 2 du GIEC vient de mettre à la disposition du public trois documents : - un rapport complet, de 3675 pages. C'est ce document qui, formellement, s'appelle "le rapport du groupe 2 du GIEC" - un résumé technique (96 pages) - un résumé pour décideurs (36 pages). C'est ce dernier document que la presse va généralement appeler à tort "le rapport du GIEC". Ce serait évidemment une gageure de prétendre résumer ici un document de 36 pages en 2000 caractères, surtout que chaque graphique d'un rapport du GIEC condense en général tellement d'information qu'il demande facilement 10 minutes d'explication à l'oral. Puisqu'il faut bien en choisir un, j'ai reproduit ci-dessous un "résumé graphique" d'une partie des impacts déjà observés. Plus le cercle est sombre plus le degré de confiance dans l'attribution de ce qui a été observé au changement climatique est élevé. Le signe donne le sens de l'impact (négatif = pas bon ; ± = mitigé). Un simple coup d'oeil montre que le changement climatique est déjà une cause avérée d'impacts négatifs, dont l'augmentation des maladies infectieuses, migrations, dommages aux infrastructures ou de dégradation de la santé mentale. Mais en face, nous avons encore du pétrole et d'autres énergies à profusion. Cela explique par exemple que le GIEC dise que le changement climatique a "juste" ralenti la hausse de la productivité agricole. L'éneegie a tellement augmenté cette dernière que pour le moment la situation est globalement gérable (localement pas toujours). Dans le même esprit, les dommages aux infrastructures sont vite réparés, grâce aux cimenteries, aciéries, camions et tractopelles, donc encore l'énergie. Et plus tard ? Les conséquences adverses du changement climatique vont augmenter bien plus rapidement que la température. Certaines vont même augmenter longtemps après arrêt des émissions. Dans le même temps, l'approvisionnement énergétique - conditionnant notre capacité d'adaptation - va finir par baisser partout. Ce dernier point n'est pas évoqué dans le résumé pour décideurs (je n'ai pas regardé pour les autres documents), tout simplement parce qu'il n'est pas évoqué dans la littérature académique. Cela signifie que les conséquences évoquées dans ce rapport sont très certainement un minorant de ce que nous risquons, et que nous n'avons pas fini d'avoir des (mauvaises) surprises.