--- date: '2022-05-11T13:44:44' li-id: 6930150707132022784 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_signez-la-p%C3%A9tition-activity-6930150707132022784-db9s title: CHANGE_ME 284 --- C'était initialement une tribune parue dans le JDD, et c'est devenu une pétition. Faut-il mobiliser les foules pour une "simple" formation de quelques dizaines de personnes, à savoir les membres d'un (futur) gouvernement, à la question climatique et énergétique, quand il y a par ailleurs la guerre en Ukraine, la famine dans l'Est de l'Afrique, des persécutions un peu partout dans le monde, la dette qui atteint des sommets et un Etat américain qui rassure de moins en moins ? Paradoxalement oui : plus le monde devient en apparence incertain, plus il est utile de se raccrocher à des certitudes et des choses qui ne changent pas. Et si le monde semble devenir inexplicable et imprévisible quand on regarde les indicateurs économiques et sociaux, il est malheureusement parfaitement lisible quand on regarde les indicateurs physiques. Or gouverner, n'est-ce pas prévoir, et donc savoir "lire le monde" avec la bonne clé de lecture, désormais physique ? Par ailleurs, un gouvernement ce n'est pas n'importe quel groupe de 20 personnes : dans notre régime présidentiel en vigueur (où le gouvernement fixe l'agenda du parlement et lui soumet les projets de loi), c'est de fait l'arbitre en dernier ressort de toutes les décisions qui relèvent de la sphère publique. Il n'est est pas de même dans la quasi-totalité des autres démocraties (où le parlement possède plus de pouvoir), mais chez nous ce groupe d'individus tient beaucoup de rênes du pouvoir pendant l'exercice de son mandat. Pour beaucoup de portefeuilles il est considéré comme normal que le/la titulaire du poste sache un peu de quoi on parle : un(e) ministre de la défense est prié(e) de savoir ce qu'est un soldat ou un porte avion, ou de l'apprendre très vite. De même, il est de bon ton qu'un(e) ministre de la santé sache préalablement, ou comprenne très vite, ce qu'est un virus. A 8 milliards sur terre, il existe une réalité physique qui vient désormais tamponner de plus en plus chacun de nos plans pour l'avenir : les limites planétaires, en matière d'énergie, de matériaux, d'environnement, de biodiversité, etc. Comprendre - pour un gouvernement - quels sont les degrés de liberté que nous avons perdus et ceux qu'il nous reste dans ce monde là est donc devenu essentiel, pour faire des plans qui seront compatibles avec ces limites. Il ne reste que quelques mandats présidentiels ou législatifs avant 2050 : nous pouvons chaque année un peu moins nous permettre le luxe de prendre des décisions sur lesquelles il faudrait revenir ensuite parce qu'elles ne sont pas en accord avec le cadre physique. Enfin l'expérience de la Convention Citoyenne pour le Climat a prouvé une chose : la formation aux enjeux (et il s'agit bien d'une formation, pas d'une "sensibilisation") fait passer tout(e) citoyen(ne) de "sensibilisé mais pas nécessairement acteur" à "ayant envie d'agir". Donc ce n'est que 20 personnes. Et ce n'est que 20 heures. Mais l'effet de levier est potentiellement considérable.