--- date: '2022-05-09T17:31:14' li-id: 6929482930524172290 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_leurope-veut-se-passer-du-p%C3%A9trole-russe-activity-6929482930524172290-UayX title: CHANGE_ME 286 --- L'Europe veut se passer du pétrole russe (https://lnkd.in/dSMiBXA4 ). Facile ? La Russie produit actuellement un peu plus de 10 millions de barils par jour de pétrole et condensats (https://lnkd.in/dHgeypb2 ) sur une planète qui en produit 80 au total (graphique ci-dessous). De là une première certitude : sauf à se passer instantanément de 12,5% du pétrole mondial (ce qui s'est à peu de choses près produit involontairement en 2020, avec comme contrepartie 5% de récession), le monde ne fera pas instantanément sans le pétrole russe. Attendons que la production d'or noir croisse, alors ! (et au Diable le climat). Mais on notera sur le même graphique que, depuis 2016, la production mondiale n'augmentait plus beaucoup, et il y avait même une légère décrue amorcée avant le covid, puisque le pic à date de cette production mondiale est en novembre 2018. Allons ailleurs que chez Poutine alors ! Si nous faisons cela pour "assécher" ses finances, il faut évidemment être sur que le pétrole en question ne trouvera pas preneur du tout, sinon la Russie sera toujours autant financée, mais juste pas par les mêmes. En effet, dans un monde qui est déjà un peu à la peine pour s'approvisionner, si ce n'est pas nous qui prenons le pétrole russe, il est probable qu'il finira assez vite par trouver preneur ailleurs, aux goulets d'étranglement logistiques - rarement éternels - près. En 2020, l'Europe a consommé... un peu plus de 10 millions de barils par jour de pétrole et produits pétroliers, soit l'équivalent de la production de la Russie. Cette dernière exporte environ les 2/3 de sa production (et consomme le tiers restant). L'Europe représentait 50% des exportations russes de pétrole brut et de produits pétroliers en 2020, qui permettent donc environ un tiers de notre consommation. Question : où trouver un peu plus de 3 millions de barils par jour de pétrole chez des producteurs qui auraient la production (ou la capacité à l'avoir) et pas de clients ? La réponse est... à peu près nulle part, sauf à jouer à un jeu de taquin : un client du pétrole (au hasard la Chine) prend à la Russie un pétrole qu'avant elle prenait ailleurs et du coup le "ailleurs" peut vendre à l'Europe. Incidemment le "ailleurs" est souvent déjà en déclin : c'est le cas de l'ensemble de l'Afrique, de l'ensemble de l'Amérique du sud, de l'ensemble de l'Europe, de l'ensemble de l'Asie, du Mexique... Bref à part le Moyen Orient et les USA les "réserves de croissance" à horizon de quelques années ne semblent pas très élevées. D'où le casse-tête européen !