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date: '2022-06-08T17:17:33'
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Eloge de la lenteur : dans le dernier numéro des Echos week-end, un article relate un tour de France en "train pas à grande vitesse", le but du jeu n'étant plus de rallier un point A à un point B le plus vite possible. Le train cesse d'être un endroit où l'on doit rester le moins longtemps possible : y être est un but en soi.

Cela fait longtemps que nos amis helvètes ont des "trains touristiques", qui permettent aux occupants de passer par des paysages grandioses, ou de manger dans un wagon restaurant qui mêle le cadre à l'alimentation.

Une des idées importantes sous-jacente à cet article est qu'il suggère que, en train, le temps de déplacement n'est pas nécessairement du temps de perdu. Dans les trains actuels,on peut presque tout faire comme dans un bureau ou chez soi : dormir, lire, regarder un film, travailler sur un ordinateur, manger, discuter... 

Cela est tellement vrai qu'il y a même une entreprise (de type emploi de bureau) où il a été décidé que, pour les gens qui venaient au travail en TGV (avec une place assise garantie donc), la journée de travail démarrait non pas à l'arrivée au bureau mais au départ de la gare. 

Malgré l'exemple ci-dessus, le fait que le temps en train ne soit pas nécessairement du "temps perdu" n'existe toujours pas dans l'essentiel de nos conventions. Dans la comparaison entre route et train, le cout socio-économique de chaque mode continue à être calculé en considérant que le temps passé à se déplacer est "perdu" à l'identique quel que soit le mode. Or c'est à l'évidence devenu inexact dès lors que l'on a une place assise et le moyen de s'occuper en train (dans une certaine mesure c'est aussi vrai pour l'autocar s'il est suffisamment confortable).

Une infrastructure routière qui permet de gagner un peu de temps en voiture sera alors considérée comme plus "utile" qu'une infrastructure qui permet de se rabattre sur du train dans un temps de transport plus long... mais qui n'est plus du temps de perdu. 

Modifier cette règle n'est probablement pas complètement anecdotique : les décisions ne sont pas seulement "politiques" : à un moment elles sont aussi prises au nom d'une rationalité implicite contenue dans les outils et méthodes manipulés.