--- date: '2022-08-07T09:37:55' li-id: 6961978724581793792 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_face-%C3%A0-la-s%C3%A9cheresse-historique-une-activity-6961978724581793792-OMP5 title: CHANGE_ME 189 --- Dans le premier rapport d'évaluation du GIEC (https://lnkd.in/eDKR_VPF ), publié il y a 32 ans, en 1990, il figurait dans le résumé aux décideurs la phrase suivante : "Soil moisture (...) decreases over northern mid-latitude continents in summer". Le risque de sécheresses estivales en Europe et aux USA (et accessoirement en Chine) en réponse à un climat qui se réchauffe était donc déjà identifié il y a quelques décennies (images en commentaires). Depuis, ce risque n'a cessé de se préciser. Dans le 5è rapport d'évaluation du GIEC (2013), les simulations montrent que les sols s'assèchent sur une large partie des terres émergées dès l'existence d'un réchauffement même "modeste" (image en commentaire). Ce rapport confirme également que c'est déjà la tendance observée. Et dans le dernier rapport du GIEC (https://lnkd.in/eHfjjKEz ) tout cela est à nouveau réaffirmé (voir image en commentaire). Ce qui est en crise, dans cette affaire, avant même la gestion de la pénurie de cet été, c'est notre aptitude à correctement anticiper une situation qui n'était pas du ressort du "peut-être", mais que l'on (enfin ca dépend qui est "on"...) savait inéluctable. Au lieu de nous préoccuper de garantir que nous aurions encore des écosystèmes et de quoi manger (et nos voisins pareil, sans quoi l'histoire nous apprend que ca risque de chauffer un peu chez nous aussi), nous nous sommes occupés ces derniers temps de faire plus de (grosses) voitures, de routes, de réseaux de télécom pour regarder Netflix, de cosmétiques, d'avions, d'immeubles, de centres commerciaux, de sacs à main et de marchés financiers, sans oublier le pétrole et le gaz pour alimenter tout ca (c'est essentiellement avec ces "marchés finaux" que les profits - très élevés - des sociétés du CAC 40 ont été réalisés : https://lnkd.in/eWuc9B_9 ). La vieille fable de la cigale et de la fourmi reste donc d'une actualité déconcertante. Et chanter - ou danser - fait malheureusement rarement venir la pluie, contrairement à la légende... Comme pour l'évolution actuelle sur l'énergie qui semble nous "prendre au dépourvu" alors qu'il était possible de la voir arriver de loin, il n'y a pas juste besoin d'une "cellule de crise" dans cette histoire. Il y a besoin d'un plan massif pour réorienter l'économie, en gardant en tête que, malheureusement, à cause de l'inertie du système climatique et des sociétés humaines qui émettent, l'avenir risque de nous réserver bien pire que la situation actuelle. Lorsque ce "pire" sera là (sur l'énergie ou l'environnement) alors que nous avons eu les yeux tournés ailleurs, nous ne pourrons pas y faire grand chose, cellule de crise ou pas.