--- date: '2022-08-04T10:13:27' li-id: 6960900505757704193 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_climate-endgame-exploring-catastrophic-climate-activity-6960900505757704193-i8J3 title: CHANGE_ME 191 --- Il y est question de mortalité de masse, d'effondrement économique, de conflits, et de "catastrophes en série". Est-ce dans un roman de science fiction, comme par exemple "Symphonie Atomique" (https://bit.ly/3BBDR4B ), une dystopie décrivant un "monde d'après" qui ne semble pas spécialement appétissant ? Est-ce dans la bouche d'un militant écologiste, comme par exemple celui qui dégonfle des pneus de SUV la nuit dans Paris ? (https://bit.ly/3Qksrq4 ) Est-ce dans la bouche des météorologues quand ils évoquent les canicules, ce qui expliquerait qu'ils soient ensuite l'objet de messages violents et injurieux de la part d'une partie des gens qui les écoutent ? (https://bit.ly/3BCy0fr ) Pas du tout, pas du tout, comme le chantait Dutronc : c'est dans la très sérieuse revue scientifique américaine "Proceedings of the National Academy of Sciences", qui publie un article expliquant que nous faisons une erreur en basant de fait notre gestion des risques uniquement sur ce qui est certain à court terme dans les conséquences à venir du changement climatique. Les auteurs relèvent à bon droit deux points essentiels. Le premier est que, à force de nous répéter en boucle que le changement climatique va être limité sous la barre dangereuse par le fruit de nos politiques publiques de croissance verte, nous ne préparons rien pour l'éventualité - hélas plus que probable - où ce ne sera pas le cas. De fait, voir l'Europe "relancer le charbon" en pleine canicule (https://bit.ly/3JvHZFd ) ou le parlement français détaxer les carburants et le fioul dans le même contexte montre bien que pour le moment nous nous payons trop souvent de mots. Le second est que le climat ne va pas changer "toutes choses égales par ailleurs". Dans le même temps, il y aura aussi des troubles locaux croissants par pénurie de ressources (alimentaires, environnementales, énergétiques, métalliques, etc), et les scénarios avec des contraintes multiples sont absentes de la littérature scientifique. Ce n'est pas dans l'article, mais l'exemple typique est d'imaginer faire face à la dérive climatique avec une économie qui continue à "bien se porter" alors même que les ressources environnementales et énergétiques, et la stabilité politique baissent. C'est exactement ce qui se trouve dans tous les "plans" 1,5 ou 2°C... En conséquence les auteurs appellent à ce que nous apprenions à imaginer des futurs avec des "catastrophes en série". Cela rejoint un propos que j'ai souvent tenu sur la "transition" : il faut que celle-ci soit compatible avec une économie en contraction, sans exiger d'économie en croissance, et qu'elle soit "résiliente aux aleas" qui malheureusement ne relèvent même pas de l'improbable (baisse des chaines d'approvisionnement mondiales, dépérissement partiel de la biomasse, crises financières, etc). Mais pour le moment l'essentiel du monde académique continue à garder des oeillères rassurantes sur les évolutions "hors climat". Cet appel à les enlever doit être entendu.