--- date: '2022-10-22T09:08:25' li-id: 6989512780055748608 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_climat-la-nouvelle-z%C3%A9lande-veut-taxer-les-activity-6989512780055748608-VFHu title: CHANGE_ME 110 --- Il est moins souvent cité que le CO2, mais il compte aussi. Le méthane - de formule CH4 - représente un peu plus de 20% des émissions humaines de gaz à effet de serre. En tonnage, les émissions mondiales sont presque 100 fois plus faibles que celles du CO2 (450 millions de tonnes contre 43 milliards pour le CO2), mais une molécule de méthane est 30 fois plus efficace pour augmenter l'effet de serre sur un siècle qu'une molécule de CO2. Ce méthane possède plusieurs sources d'origine humaine (voir graphique en commentaire), et l'une d'entre elles est les ruminants, à cause de la fermentation qui a lieu dans le premier de leurs 4 estomacs après l'oesophage : la panse. NB : le titre de l'article des Echos est techniquement inexact puisque le méthane des ruminants ne sort pas pas le trou du c... mais par le haut :) De ce fait, le pays des hobbits, qui compte quelques dizaines de millions de ruminants pour 5 millions d'habitants, voit le méthane compter pour environ la moitié de ses émissions domestiques, alors que dans un pays comme la France, où pourtant nous avons 15 millions de têtes de bétail, nous sommes à un peu moins de 15%. La Nouvelle Zélande a donc formulé l'idée de mettre une taxe carbone sur le méthane. Evidemment cette idée n'est pas mieux accueillie par les éleveurs que la taxe carbone par les utilisateurs de pétrole, gaz et charbon, mais elle n'est pas dénuée de fondement. Un des avantages de s'attaquer au méthane est que ce gaz ne reste pas aussi longtemps que le CO2 dans l'atmosphère. Il possède un "puits" atmosphérique : la molécule de méthane est en effet dégradée dans l'air même (par des radicaux hydroxyle), ce qui n'est pas le cas du CO2, ce qui crée des surplus qui restent bien plus longtemps dans l'air pour ce dernier gaz. Une action forte sur les émissions de méthane conduit donc à une baisse assez peu de temps derrière de sa concentration atmosphérique, et donc de l'effet de serre supplémentaire du à ce gaz. L'industrie ou les transports seront peu concernés pour passer à l'action : on va parler pratiques agricoles (la méthanisation des vaches dépend un peu de ce qu'elles mangent) et régimes alimentaires (moins de bovins...), gestion des déchets (moins de décharges ou récupération du méthane de ces dernières), et aussi production électrique, puisque la ventilation des mines de charbon - utilisé aux 2/3 pour produire des électrons - évacue du méthane (le principal constituant du grisou), vers l'atmosphère. Dans les rizières, on peut faire baisser les émissions (issues de la décomposition de débris végétaux sous l'eau) avec... des canards. Ces derniers brassent l'eau (ce qui l'oxygène et gêne les bactéries qui produisent le méthane à partir des débris végétaux) et la filtrent pour se nourrir (ce qui diminue la matière organique en suspension). C'est low tech mais efficace ! Ce méthane était aussi le sujet de la chronique du matin sur RTL : https://bit.ly/3VOt0Mj (graphiques en moins, la radio ne peut pas tout).