--- date: '2022-10-18T08:03:25' li-id: 6988046869218086912 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_lagriculture-chinoise-au-d%C3%A9fi-du-r%C3%A9chauffement-activity-6988046869218086912-UdFE title: CHANGE_ME 115 --- Comme l'Europe du Sud, les USA ou une partie de l'Amérique du Sud, la Chine fait partie des endroits où il est prévu que les sols s'assèchent en réponse au réchauffement climatique. Il est aussi prévu, comme partout, que les vagues de chaleur s'intensifient. Ce pays a vécu un avant-gout de l'ensemble l'été dernier, avec un déficit de précipitation et des températures record qui ne sont malheureusement que le début d'un "nouveau normal" qui sera bien plus désagréable que cela à l'avenir. En réponse, l'agriculture souffre. Jusque là, rien de nouveau, même si ce n'est pas plaisant. Là où cela devient intéressant, enfin si l'on peut dire, c'est dans les éléments contenus dans cet article du Monde qui évoque ce qui vient de se passer. Le papier rapporte les propos d'un diplomate qui dit (modulo l'adaptation de ses propos par le journaliste) : "A court terme, il n’y a pas de risque de pénurie, car les Chinois ont des stocks qui correspondent à environ un an de consommation, mais nous allons sans doute assister à la fois à une augmentation des importations et à un productivisme agricole accru". Cette présentation me semble minorer le danger. D'une part, avec une évolution de long terme, le problème ne se limite évidemment pas à l'année prochaine. Ensuite, pour augmenter les importations, il faut plus de zones exportatrices, or avec les "accidents climatiques" la tendance va plutôt être à l'inverse. Il faut aussi pour cela disposer de moyens de transport à longue distance, donc de pétrole. Pétrole (et gaz) qui est aussi indispensable pour "accroître le productivisme". Le propos rapporté me semble donc être typique du point de vue qui postule que nous allons résoudre les problèmes du monde fini (le réchauffement climatique et la déplétion pétrolière) avec des moyens infinis. Certes l'article se conclut par "Une façon de reconnaître que, aujourd’hui, la Chine n’a pas de solutions pour résoudre l’ensemble des problèmes auxquels son agriculture fait face". Il n'empêche : nous manquons de réflexes pour comprendre que nous allons devoir progressivement gérer plus d'ennuis avec moins de moyens. Que les conditions locales vont souvent devenir plus désagréables alors même que la mondialisation et les échanges vont devenir plus difficiles. Evidemment, tout cela ne va pas se produire en un an. En fait, la conjoncture actuelle est assez illustrative de la manière dont cela va se produire : par conjonction de "crises", dont certaines arriveront avec peu de préavis, et qui deviendront de plus en plus profondes au fil du temps. Augmenter la résilience quand tout va mal se paiera d'une diminution de la performance quand tout va bien. La Chine est pourtant en train de compter sur plus de performance avec la consommation de viande par personne qui augmente, puisqu'il faut plus de production végétale en pareil cas. Un domaine de plus où ce pays, comme le nôtre, est pris dans ses contradictions !