--- date: '2022-12-18T11:25:36' li-id: 7010203411170131968 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_executive-summary-coal-2022-analysis-activity-7010203411170131968-THNI title: CHANGE_ME 56 --- Ce n'est pas une bonne nouvelle pour le climat : la consommation mondiale de charbon en 2022 devrait être la plus haute depuis le début de l'utilisation de ce combustible. En cause, il y a la très forte hausse du prix du gaz liquéfié qui a suivi les troubles en Europe (laquelle devait compenser au mieux par du GNL les importations disparues d'une partie du gaz russe), et qui a conduit à un basculement du gaz vers le charbon pour une partie de la production électrique dans le monde. Rappelons qu'environ 2/3 du charbon planétaire sert à produire de l'électricité (voir https://bit.ly/3uXedCM - qui date un peu mais l'essentiel reste valable - pour avoir un aperçu de ses usages dans le monde). L'AIE publie aussi un graphique qui décompose la variation de la production électrique dans le monde de 2021 à 2022. Les deux "moteurs" de la hausse de la consommation de charbon dans ce secteur sont la hausse de la consommation électrique tout court et... la baisse du nucléaire. Dans un contexte de stress sur l'approvisionnement en gaz (qui était envisageable pour la période actuelle à défaut d'être certain), l'arrêt des réacteurs de nos voisins du Nord a en particulier directement débouché sur une hausse de la pire manière de produire de l'électricité (voir https://bit.ly/3j60iYh ), ce qui se constate assez facilement en ce moment en regardant par exemple la décomposition de la production électrique disponible sur https://lnkd.in/ecWPwUDV L'AIE fournit aussi un pronostic d'ici à 2025. Dans ce dernier, la hausse attendue de la consommation électrique n'est pas assurée en totalité par les renouvelables, et il y a aussi un poil d'augmentation de charbon. Certes la hausse est dans l'épaisseur du trait selon cette projection, mais si ce combustible solide suivait le chemin demandé par la "trajectoire 2°C" il faudrait que sa consommation baisse de 14% (dans le monde) en 3 ans. Appliquée à l'électricité, cette baisse signifie 1450 TWh (électriques) de production au charbon en moins en 3 ans (1 TWh = un milliard de kWh). Par ailleurs l'AIE envisage une hausse de la demande électrique de 2500 TWh sur la même période. Pour que l'équation soit tenue il faudrait donc 4000 TWh de production non carbonée en plus, soit : - un doublement de l'hydro - ou une multiplication par presque 5 du solaire (qui a augmenté d'environ 14% par an de 2018 à 2021) - ou une multiplication par 3 de l'éolien (qui a augmenté d'environ 10% par an de 2018 à 2021) - ou une multiplication par 2,5 du nucléaire (qui est stable de 2018 à 2021). Même en combinant tout cela, on voit le formidable décalage entre les discours de décarbonation et les actes. Si nous voulons 2°C, il va surtout falloir consommer moins d'électricité dans le monde... NB : la photo d'illustration choisie par l'AIE est assez mal venue : il aurait mieux valu montrer une mine ayant remplacé la végétation, ou un train traversant un paysage desséché, cela aurait été plus à propos !